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| | poésies choisies pour vous | |
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Auteur | Message |
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Adelette Graphiste
Messages : 5144 Age : 77
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Ven 12 Mar - 15:00 | |
| Premier sourire de printemps Théophile Gautier Tandis qu’à leurs œuvres perverses Les hommes courent haletants, Mars qui rit, malgré les averses, Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes, Sournoisement lorsque tout dort, II repasse des collerettes Et cisèle des boutons-d’or.
Dans le verger et dans la vigne, II s’en va, furtif perruquier, Avec une houppe de cygne, Poudrer à frimas l’amandier.
La nature au lit se repose ; Lui, descend au jardin désert Et lace les boutons de rose Dans leur corset de velours vert.
Tout en composant des solfèges Qu’aux merles il siffle à mi-voix, II sème aux prés les perce-neige Et les violettes au bois.
Sur le cresson de la fontaine Où le cerf boit, l’oreille au guet, De sa main cachée il égrène Les grelots d’argent du muguet.
Sous l’herbe, pour que tu la cueilles, II met la fraise au teint vermeil, Et te tresse un chapeau de feuilles Pour te garantir du soleil.
Puis, lorsque sa besogne est faite, Et que son règne va finir, Au seuil d’avril tournant la tête, II dit : « Printemps, tu peux venir ! »
Théophile Gautier (1811-1872) |
| | | olia Membre
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Sam 13 Mar - 7:57 | |
| Table à rêves
La calame ancestrale burine la trace D'une histoire dans des signes établis Par la réflexion de pairs, en harmonies, Accords, avec leur univers... là où passe Leur main, se forge leur mémoire... leurs rêves Sur la table, passera par delà le temps, Où récits et formes changeront, où sans trêves D'autres mains passeront pour faire renaître, Perpétuer l'essence de leur vie, de leur sang, Passé, en encre de sculpture exposé sera leur être
écrit pour http://rickway.free.fr/galeriedart/Mars03/odemars.htm
Pascal Lamachère |
| | | olia Membre
Messages : 1874 Age : 80
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Dim 14 Mar - 7:43 | |
| Le chant de la nuit
Au plein de la nuit, je voyage, Dans le silence, des murmures Du coeur bondissent, un rivage Se dessine, sombre et triste, Parfois, parfois des échancrures Se réveillent au creux de la terre, Mais parfois aussi sur la piste Des larmes tombent, viennent Panser la douleur, se serre Un frisson, traverse les persiennes Un rayon lunaire, un sourire Gravé sur la plage des souvenirs, Où s'écument nos folies, nos espoirs...
Au plein de la nuit, sur l'océan, La marée ramène, dévoile des trésors, Les rouleaux laissent s'échoir Des morceaux d'étoiles, le sang De l'univers cavale du for, Se ballade les mains sur les traits, Les cheveux du vent stellaire, L'aube se lève, soupire d'éternité, Dévoilé par le phare, au sanctuaire De l'oriflamme des pas s'en sont allés, Sa porte s'ouvre avec la clé déterrée Au songe, le visage bouge, sa vie S'agite, vibre, doux chant de la nuit...
Pascal Lamachère |
| | | Colombine Administrateur
Messages : 122410 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 15 Mar - 7:28 | |
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| | | Adelette Graphiste
Messages : 5144 Age : 77
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 15 Mar - 10:52 | |
| Titre : Printemps de Bretagne. Poète : Charles Le Goffic (1863-1932) Recueil : Le bois dormant (1900).
Une aube de douceur s'éveille sur la lande : Le printemps de Bretagne a fleuri les talus. Les cloches de Ker-Is l'ont dit jusqu'en Islande Aux pâles « En-Allés » qui ne reviendront plus.
Nous aussi qui vivons et qui mourrons loin d'elle, Loin de la douce fée aux cheveux de genêt, Que notre cœur au moins lui demeure fidèle : Renaissons avec elle à l'heure où tout renaît.
Ô printemps de Bretagne, enchantement du monde ! Sourire virginal de la terre et des eaux ! C'est comme un miel épars dans la lumière blonde : Viviane éveillée a repris ses fuseaux.
File, file l'argent des aubes aprilines ! File pour les landiers ta quenouille d'or fin ! De tes rubis. Charmeuse, habille les collines ; Ne fais qu'une émeraude avec la mer sans fin.
C'est assez qu'un reflet pris à tes doigts de flamme, Une lueur ravie à ton ciel enchanté, Descende jusqu'à nous pour rattacher notre âme A l'âme du pays qu'a fleuri ta beauté !
Charles Le Goffic. |
| | | olia Membre
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 15 Mar - 13:46 | |
| LETTRE A UNE INCONNUE
Je n’oserai vous remercier madame Pour ces moments vulnérables Vécus dans mon antre, semblables A quelques gueux infâmes ! Je vous sais gré, toutefois De déposer sur mon papier, roi De votre romance nue, Les soubresauts de ma sensualité Et les ailes de mon rêve envolé ! Cela n’efface en rien le fabuleux souvenir De votre indéfinissable beauté, pire Que 100 diables trinquant un soir Pour vous oublier chaque fois ! Mais cela n’est rien, rien que la rage De mon égarement assoiffé d’un instant passage, Quand la lune éclaire ma plume d’oie Guidant une main fatiguée et perdue !
Corticchiato jf |
| | | Vevette17 Énergéticienne quantique
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 15 Mar - 18:55 | |
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| | | Colombine Administrateur
Messages : 122410 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mar 16 Mar - 7:52 | |
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| | | olia Membre
Messages : 1874 Age : 80
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mar 16 Mar - 7:55 | |
| Souriez, vous êtes en vie...
Aux lueurs d'une journée, Au souffle chaud de l'été, En l'eau de Poséidon, Les dieux se réunirent. Au bout de quelques brasses, Ils mirent à discourir Leur souffle sur la création. Zeus qui prenait la tasse Dans sa chamaille avec Atlas, voulait refaire Quelques bout d'univers. Ra qui s'était mis au sec Ne scintillait pas de la Même manière. Chacun Avait fait son idéal, Mais lui, voyait au delà, Protégeant la vie, au teint De sa lumière, au cristal De l'âme prenant grâce, Donnant volupté aux formes Et aux sens leur mélopée. Uranie devant sa glace Acquiesçait pour le dôme Auquel elle avait donné La beauté de son âme.
« Soyez pas si jocrisse » Souffla amicalement Eole qui déplaçait sa dame Sur l'échiquier d'Ulysse, Dans une partie l'opposant A Destinée. « Rien ne sert De complaindre, rien ne perd, Tout se transforme, et l'ère Des origines doit aller A soi, au linceul des temps ». Destinée peu hésitant Plaça le roi étoilé En A «.», puis leva Ses pupilles souriantes. Empruntes de tendresse, Elles exprimaient les voix Inextricables, trépidantes, Riche au bout de sagesse. Eole ne sachant soutenir La profondeur envoyée, Se contenta d'interpréter Quelques paroles à son plaisir : « Les voiles se gonflent au vent, Au vent silencieux de l'intérieur. J'amène les embarcations Sur les traces, sentiments D'une sensation pour moi vide, Et les nuages, seuls fondent, Forgerons de leur monde, Moi d'eux l'esclaves... hors séance, Je suis un dieux hors séance... J'en deviens livide, Je veux que cela change »...
Zeus qui s'était libéré Acquiesça le vent... « l'univers A sa lumière qui diffuse Une incompréhensible finalité, Mais pour nous l'ère doit changer ». Il lança au destin un regard inquiet... Et relança « N'en déplaise aux muses ».
Pollymnie et Calliope Lisant attentivement Chaque mots de la séance S'offusquèrent, verte de sang, Au nom de leur essence : « Aussi dieux que vous soyez, Vous n'avez à imposer Vos lois, vous devez respect Au cheminement sincère Des atomes de l'univers. A vous l'ombre d'un Kappa Seul pour décider d'un cours Instant de la vie à jours ».
Zeus se sentit trahi Et lança de violents éclairs. Mnémosyne et la terre S'interposèrent avec défi Au caprice sans consistance.
Mnémosyne fâchée lança Son éclair personnel, Emprunt de son message : « Manque une profonde conscience Des autres et de leur plaintes Au lit de ta colère ».
« La vie est tout en sens Et riche de lendemains » Souffla le coeur de la terre A l'odieux faisant séance... « Souffre au moins tes actes, Si tes paroles ne sont que... vent... »
Zeus se cabra, par Eole Oragea, frisant brisure...
Un éclair sur un roseau chantant, Tomba sur ses pliures, L'obligeant à se donner en obole, Pour qu'il n'y ai trop de césure, Que le feu puisse tomber à l'eau.
La tempête commença à faire rage, Le temps devint aux humains Que Gaia avait prit en son sein, Signe du plus mauvais des présages. Déjà les valeureux marins, Qui voyaient l'océan s'emballer, Se demandaient comment du poisson Ils pourraient mettre dans leur pain.
Mnémosyne se mit à regarder Les filles, puis leur aimable hôte Poséidon, D'un regard suppliant. Celui-ci N'avait cependant de pouvoir Sur Zeus, et Polymnie s'était déjà enfuie.
Mnémosyne dans un sursaut d'espoir « Zeus, mon ami, je vous en prie, Cessez votre caprice, ne voyez vous point Ce que vous faite ? Le mal en fin ?»
Zeus tempéra quelques instants « Ma mie, qui croit encore en nous ? Il est bel et bien arrivé le moment Où de notre seule manifestation, Pour ne point tomber dans les choux, Possible, est la colère pour à la supplication Intérieure pousser, et puis, j'en ai besoin... »
Mnémosyne tomba des nues, Devant l'impatience et le manque De conscience de ce grand monument Qui des planètes avait aidé à ériger.
Ra ne voulant plus jouer les drus, Décida d'intervenir pour montrer le chemin Et aider l'hôte qui se sentait perdu Avec d'autres, dans cette chamaillerie. Il fit ses rayons plus intenses, trempa ses mains, Pour amener et donner chaleur, Eveiller en chacun, tout lieu, la vie, Jusqu'aux mers, cavernes, toutes profondeurs.
Euterpe et Terpsichore profitèrent De cette accalmie pour se montrer, Pour leur don faire partager. Des poissons volants dansèrent, Pendant que des sirènes symphonie Des eaux jouèrent, envoûtante A faire chavirer tous les bateau Sur les rivages, rivages de la vie. Eole finit par faire silence, Acquiescant sur sa médisance. Zeus toujours prêt aux ravages, S'effaça de là quelques instants, Pour faire ailleurs son carnage, En compagnie de Melpomène, Qui trouva là, moyen de son talent Montrer, faire tomber les chaînes, La retenu qui lui était imposé.
Destiné mis de côté l'échiquier, Et se décida à donner une leçon A ce dieu aveuglé par sa conscience, Pendant que le charmant Poséidon, Se démenait pour tous satisfaire. Elle demanda à Clio et Mnémosyne, De la suivre, courber l'échine, Pour contrer, panser les échancrures Des cieux. Clio faillit s'échouer Dans les bras de Gaia, s'effacer Avec les vies dont Zeus ôtait futur, Qui brûlaient sans même naître, Mais par la main de destiné, Erato et Thalie, en déesses, Arrivèrent à la vue du maître De notre bout d'univers. Ainsi fait, Par delà l'esprit de l'oppresse, Elles donnèrent leur pouvoir A Mnémosyne, qui trouva la force Dans les bras de Zeus, de se laisser choir. De ce dernier, la faux quitta l'écorce, Se retrouvant à faire tout son travail Sans autre aide. Par nature elle devra Composer avec tous, et des mailles Ainsi tissées, notre « bon » dieu, vivra Dans les bras de sa douce, l'idée Le quittant de vouloir tout régenter.
A Clio les derniers mots de la journée, Dans la cours où le « calme » est retrouvé, De dire que si cela avait persisté Dans l'ignominie, Uranie aurait Pu amener les divinités plus haut placé, Afin que Gaia puisse reposer en « paix », Loin des turpitudes d'un Zeus, forcé De ne point répondre à ces idées.
Tous s'en retournèrent à leur chambrée, A l'exception de Ra, qui était appelé Ailleurs, et d'Uranie, que les étoiles Avaient hâte de retrouver, au voile De la lune lui offrant sa réciproque amitié.
Pascal Lamachère |
| | | Adelette Graphiste
Messages : 5144 Age : 77
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mar 16 Mar - 15:14 | |
| Titre : Printemps du Nord. Poète : Henri-Frédéric Amiel (1821-1881) Recueil : Grains de mil (1854).
Linotte Qui frigotte, Dis, que veux-tu de moi ? Ta note, Qui tremblote, Me met tout en émoi.
Journée Illuminée, Soleil riant d'avril, En quel songe Se plonge Mon cœur, et que veut-il ?
Sur la haie, Où s'égaie Le folâtre printemps, La rosée, Irisée, Sème ses diamants.
Violette Discrète, Devant Dieu tu fleuris ; Primevère, A la terre, Bouche d'or, tu souris.
Petite Marguerite, Conseillère du cœur, Ta couronne Mignonne Epèle mon bonheur.
Blanche et fine Aubépine, A tes pieds, la fourmi Déjà teille Et réveille Son brin d'herbe endormi.
La mousse Qui repousse Attend l'or du grillon ; La rose, Fraîche éclose, Rêve au bleu papillon.
Mais, fidèle Hirondelle, Au nid toi qui reviens, La tristesse M'oppresse... Où donc sont tous les miens ?
L'eau sans ride Et limpide Ouvre de ses palais, Où tout brille Et frétille, Les réduits les plus frais.
Sur la branche Qui penche, Vif, l'écureuil bondit ; La fauvette Coquette Se lustre dans son nid.
La grue En l'étendue A glissé, trait d'argent ; Dans l'anse Se balance Le cygne négligent.
La follette Alouette, Gai chantre des beaux jours, Dans l'azur libre Vibre, Appelant les amours.
Journée Illuminée, Soleil riant d'avril, En quel songe Se plonge Mon cœur, et que veut-il ?
Dans l'onde Vagabonde, Aux prés, sur les buissons, Sous la ramée Aimée, Aux airs, dans les sillons,
Tout tressaille Et travaille, Germe, respire et vit, Tout palpite Et s'agite, Va, chante, aime et bénit.
Mais mon âme Est sans flamme... Beaux jours en vain donnés, Nature Calme et pure, Ô printemps, pardonnez !
Linotte Qui frigotte, Dis, que veux-tu de moi ? Ta note Qui tremblote Met mon cœur en émoi.
Henri-Frédéric Amiel. |
| | | olia Membre
Messages : 1874 Age : 80
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mer 17 Mar - 7:36 | |
| Fleur de feu
Une fleur de feu Aux longs cheveux Danse en choeur
Point d'erreurs, Chaque jour Elle est amour
Emplie d'amitié, Elle a la volonté De son être partagé
Elle est chaleur, De loin chatouillante, Embaume le coeur
Coquette servante Elle est couleur, Son contraire pleur Le sang du bonheur
D'elle une boule, Parfois se voile, Temps qui s'écoule...
Voilà bien le problème mes bons amis, Le temps s'écoule, et lorsque sur la toile Pointe la venue de la grande rêveuse, Où les soldats d'eau devant s'essuient, La fleur tend à se faner, et d'âme rieuse Elle en devient une mélancolie bleuâtre...
De si verdâtre, Une fleur de feu Aux longs cheveux Danse en choeur
Mais à l'âtre, Point d'erreurs, Viendra l'heure Du crépuscule
Une dernière fois Donnera toute sa foi, Avant d'être en bascule...
Les humains auront Avec elle connu les tournesols Et le bien être des parasols
Les humains auront De sa présence pu voir les océans Et sentir toutes les autres beautés au vent
Les humains auront Pu jouir de ses nobles passes étoilées, Pendant qu'eux, d'ignominie parfois terrassaient...
A la source elle est fusion, A trop s'y rapprocherait Le corps s'offrirait crémation, Valserait des particules l'éthérées, Avec feu la fleur qui à chaque instant, A chaque création, parcouru par l'élan Un peu plus elle se meurt, Reste entière seulement en nos coeurs Lorsque y ai mise la joie D'exister au chatouillement de l'émoi...
Des humains pourront En corps longtemps s'y aveugler, D'autres s'y forger, y rêver Et les aimants s'y aimer au grand frisson
Pascal Lamachère - |
| | | olia Membre
Messages : 1874 Age : 80
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mer 17 Mar - 7:39 | |
| " L'esprit a beau faire plus de chemin que le coeur, il ne va jamais si loin. " Proverbe Chinois |
| | | Colombine Administrateur
Messages : 122410 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mer 17 Mar - 7:41 | |
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| | | Adelette Graphiste
Messages : 5144 Age : 77
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mer 17 Mar - 9:56 | |
| Titre : Le sommeil du printemps. Poète : Henri Durand (1818-1842) Recueil : Poésies complètes (1858).
Mère, ouvre le rideau ! le soleil qui se lève Vient jeter sur mon lit ses rayons éclatants. Ce jour vient de ma nuit chasser le mauvais rêve, Il fait si doux, si pur un matin de printemps !
On voit les monts neigeux par-dessus les charmilles ; Mais la vigne, le pré commence à verdoyer ; Hier au soir j'entendais chanter les jeunes filles Sous l'ombrage naissant de notre grand noyer.
La sève du printemps, qui redresse les branches, Monte dans le jeune arbre et dans le vieux aussi ; Je vois lever la tête aux marguerites blanches. Un souffle frais et sain m'arrive jusqu'ici.
Jusqu'ici Mais dehors, il fait plus beau, ma mère ! Heureux qui peut marcher quelques pas sans souffrir ! L'an dernier, je t'allais cueillir la primevère ; Près du ruisseau, je gage, elle est prête à fleurir.
Aurait-on cru jamais que d'un printemps à l'autre On pût ainsi changer ? Comme tout était beau ! Je plantais de mes fleurs mon jardin et le vôtre... Bientôt vous planterez vos fleurs sur mon tombeau ! —
Puisqu'il est pour l'année encore une jeunesse, Pour ma vie, oh ! pourquoi n'est-il plus de printemps ? Ce qui devait mûrir de joie et de tendresse, Faut-il que sans germer il étouffe au-dedans ?
Ce doux matin ! — pourtant c'est le dernier peut-être Dont je vois ici-bas le lever triomphal... Ma mère, au nom de Dieu, fermez cette fenêtre ; Le printemps, le soleil, les fleurs, tout me fait mal !
Qu'a donc cette hirondelle à chanter si joyeuse Sous ce malheureux toit où je plains et gémis ? Qu'il fait froid, qu'il fait chaud sur ma couche fiévreuse !... S'ils viennent pour me voir, renvoyez mes amis !...
Combien est dur, hélas ! tout ce qui vous rappelle Qu'on est jeune et qu'on meurt ! Peut-être que l'on croit Ma douleur consolable ; — on la croit peu réelle ; A consoler les morts les vivants n'ont pas droit.
Oh ! ne te cache pas, toi, bonne mère ; pleure, Pleure et prie avec moi ! quand ce printemps béni Réveille tout, comment ce peut-il être l'heure De m'endormir déjà ? Déjà Dieu ! tout fini !...
Non, tout n'est pas fini, frère, bonne espérance ! Béni soit ton sommeil qui vient tarir nos pleurs ! Non, tout n'est pas fini, ce printemps qui commence, C'est celui dont juillet ne flétrit pas les fleurs ;
Celui dont les oiseaux ont à chanter sans cesse, Où coule des jours purs le ruisseau sans écarts, Le printemps éternel, l'éternelle jeunesse !... — Heureux qui de l'automne ignore les brouillards !
Henri Durand. |
| | | Vevette17 Énergéticienne quantique
Messages : 38497 Age : 53 Localisation : charente maritime
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mer 17 Mar - 19:01 | |
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| | | olia Membre
Messages : 1874 Age : 80
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Jeu 18 Mar - 7:40 | |
| Haïkus sous la lune
Nuit d'avril De presque pleine lune - L'ombre du platane nu
Volets mi-clos Un rayon de lune se faufile Et m'éveille
Monté sur une pierre Pour voir de plus près encore La lune d'été
Pleine lune d'été Mon ombre cette nuit M'accompagne au jardin
Qui croira que seule La lune m'a retenu dehors Cette nuit ?
Le temps d'un haïku Un nuage a mangé Le croissant de lune
Damien Gabriels |
| | | Colombine Administrateur
Messages : 122410 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Jeu 18 Mar - 8:00 | |
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| | | Vevette17 Énergéticienne quantique
Messages : 38497 Age : 53 Localisation : charente maritime
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Jeu 18 Mar - 21:53 | |
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| | | olia Membre
Messages : 1874 Age : 80
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Ven 19 Mar - 8:44 | |
| Bises printanières
Le vent printanier doucement va s'élever, Dans le temps des verts bourgeonnant, Où s'ouvre les roses, poussent les lilas, Tournicotent les oiseaux... vont se noyer Dans l'océan d'air, les cieux, un chant Qui grouille dans l'herbe, par les bras De Gaia, va jouer une symphonie, tendre brise, Son souffle parfumé va te faire la bise.
Le coquin est à écouter les pensées, Porte les mots, les pages, dans les nuages Il modèle nos rêves, dessine des brins D'arc-en-ciel. Un carillonneur il se fait Pour encenser les bonds du coeur au rivage Etoilé, il enfante le papillon, les ailes en faim, Lorsque le voile de la nuit tombe, et grise, Son souffle parfumé va te faire la bise.
Charitable Eole rend tout de frais Les écrins dorés, et lorsque la lune Dans la danse, pointe le bout de son nez, Il soulève les draps de soie, sur les dunes S'avive le reflet bleuté. Les myrtilles Vont se reposer au lieu de la céleste frise, Là où feu la fleur de passion grésille, Son souffle parfumé va te faire la bise.
Du brouhaha agité, au doux silence en guise, Des couleurs miroitant aux mots se gravant , La sève s'écoule pour faire bondir en élan, Son souffle parfumé va te faire la bise.
Pascal Lamachère |
| | | Adelette Graphiste
Messages : 5144 Age : 77
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Ven 19 Mar - 14:36 | |
| Titre : Prière au printemps Poète : René-François Sully Prudhomme (1839-1907) Recueil : Les solitudes (1869).
Toi qui fleuris ce que tu touches, Qui, dans les bois, aux vieilles souches Rends la vigueur, Le sourire à toutes les bouches, La vie au cœur ;
Qui changes la boue en prairies, Sèmes d'or et de pierreries Tous les haillons, Et jusqu'au seuil des boucheries Mets des rayons !
Ô printemps, alors que tout aime, Que s'embellit la tombe même, Verte au dehors, Fais naître un renouveau suprême Au cœur des morts !
Qu'ils ne soient pas les seuls au monde Pour qui tu restes inféconde, Saison d'amour ! Mais fais germer dans leur poussière L'espoir divin de la lumière Et du retour !
René-François Sully Prudhomme. |
| | | Vevette17 Énergéticienne quantique
Messages : 38497 Age : 53 Localisation : charente maritime
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Ven 19 Mar - 15:08 | |
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| | | olia Membre
Messages : 1874 Age : 80
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Sam 20 Mar - 11:30 | |
| Un paradis
Il est un lieu rêveur, Enchanteur, Où prend source un arc-en-ciel
Un lieu d'où la tour d'un château Les merveilles De la nature se contemplent
Des licornes prêt de l'eau Se promènent, prennent un bain De couleurs, divin temple
S'épanchent les nuages Aux montagnes, par le chemin Des cieux se mélangent Hors de la pendule L'aube et le crépuscule, Le tapis A l'unisson fleurit Embaume le rivage
Un parfum, une essence Qui mérite moult louanges, Se dégage de ce lieu, Science Du bond... Un espace dans nos coeurs Où d'une montagne au creux, Se forgent les contes...
Ô ! Perles du voeu d'étoile, Au seuil de la réalité, Puisses tu animer Les créatures sans refonte Qu'en faim enlève le voile Dans sa tour la princesse, Qu'arrive le prince pour ivresse...
Il est ce lieu bien rêveur, Des sens bondissant enchanteur, Y prend source nos arc-en-ciel, S'y fondent les émerveilles...
Pascal Lamachère |
| | | Vevette17 Énergéticienne quantique
Messages : 38497 Age : 53 Localisation : charente maritime
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Dim 21 Mar - 18:52 | |
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| | | olia Membre
Messages : 1874 Age : 80
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 22 Mar - 7:58 | |
| ECRIS... SIGNE
Ecris en caractères latins Nom, prénom... Hélas monsieur je ne sais pas écrire Alors, voilà mets ton empreinte! Quelle empreinte? Celle du pouce! Le pouce, l'index et tous les autres Je ris... je ris davantage... Je ris de toute ma denture éclatée Je ris de cette absurdité Je n'ai ni nom, ni prénom Je suis un simple citoyen Je n'ai aucune carte d'identité Je suis identifié tel que je suis Je vis parmi les autres Et aussi je suis un simple étranger Un étranger dans son pays Et aussi dans sa ville Ecris, signe, empreinte... Tout un monde de complexités Je suis normalement l'apatride Dans un pays aux frontières ouvertes Je souris et ris d'être illettré Mon rire est sincère Dans un monde où on oublie de rire Dans un monde où on ne sait plus rire Pas d'autocensure pour mon rire Pas d'interdit pour mes pensées Pas de tabous pour mes désirs Je vis : c'est ce qui importe le plus Je suis et végète comme les autres Je suis adopté par cette terre des ancêtres Et cette terre est mienne Puisque je ne suis qu'une simple poussière En aval, en amont du temps Je continue mon inlassable cheminement Et je signe mille fois d'un stylet D'un scalpel rougi au feu d'un volcan Je laisse aussi autant d'empreintes La preuve que j'existe encore Et aussi avec les êtres anonymes Avec tous mes semblables Qui n'ont pas de carte d'identité Dans un pays où les frontières Sont abolies par nos pensées... en voyage
Lundi 10 Juin 2002 KHENIFRA - MAROC
Kacem Loubay |
| | | Adelette Graphiste
Messages : 5144 Age : 77
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 22 Mar - 13:59 | |
| Titre : La vie Poète : Félix Arvers (1806-1850) Recueil : Mes heures perdues (1833).
Amis, accueillez-moi, j'arrive dans la vie. Dépensons l'existence au gré de notre envie : Vivre, c'est être libre, et pouvoir à loisir Abandonner son âme à l'attrait du plaisir ; C'est chanter, s'enivrer des cieux, des bois, de l'onde, Ou, parmi les tilleuls, suivre une vierge blonde ! — C'est bien là le discours d'un enfant. Écoutez : Vous avez de l'esprit. — Trop bon. — Et méritez Qu'un ami plus mûr vienne, en cette circonstance, D'un utile conseil vous prêter l'assistance. Il ne faut pas se faire illusion ici ; Avant d'être poète, et de livrer ainsi Votre âme à tout le feu de l'ardeur qui l'emporte. Avez-vous de l'argent ? — Que sais-je ?et que m'importe ? — Il importe beaucoup ; et c'est précisément Ce qu'il faut, avant tout, considérer. — Vraiment ? — S'il fut des jours heureux, où la voix des poètes Enchaînait à son gré les nations muettes, Ces jours-là ne sont plus, et depuis bien longtemps : Est-ce un bien, est-ce un mal, je l'ignore, et n'entends Que vous prouver un fait, et vous faire comprendre Que si le monde est tel, tel il faut bien le prendre. Le poète n'est plus l'enfant des immortels, A qui l'homme à genoux élevait des autels ; Ce culte d'un autre âge est perdu dans le nôtre, Et c'est tout simplement un homme comme un autre. Si donc vous n'avez rien, travaillez pour avoir ; Embrassez un état : le tout est de savoir Choisir, et sans jamais regarder en arrière, D'un pas ferme et hardi poursuivre sa carrière. — Et ce monde idéal que je me figurais ! Et ces accents lointains du cor dans les forêts ! Et ce bel avenir, et ces chants d'innocence ! Et ces rêves dorés de mon adolescence ! Et ces lacs, et ces mers, et ces champs émaillés, Et ces grands peupliers, et ces fleurs ! — Travaillez. Apprenez donc un peu, jeune homme, à vous connaître : Vous croyez que l'on n'a que la peine de naître, Et qu'on est ici-bas pour dormir, se lever, Passer, les bras croisés, tout le jour à rêver ; C'est ainsi qu'on se perd, c'est ainsi qu'on végète : Pauvre, inutile à tous, le monde vous rejette : Contre la faim, le froid, on lutte, on se débat Quelque temps, et l'on va mourir sur un grabat. Ce tableau n'est pas gai, ce discours n'est pas tendre. C'est vrai ; mais j'ai voulu vous faire bien entendre, Par amitié pour vous, et dans votre intérêt, Où votre poésie un jour vous conduirait.
Cet homme avait raison, au fait : j'ai dû me taire. Je me croyais poète, et me voici notaire. J'ai suivi ses conseils, et j'ai, sans m'effrayer, Subi le lourd fardeau d'une charge à payer. Je dois être content : c'est un très bel office ; C'est magnifique, à part même le bénéfice. On a bonne maison, on reçoit les jeudis ; On a des clercs, qu'on loge en haut, dans un taudis. Il est vrai que l'état n'est pas fort poétique. Et rien n'est positif comme l'acte authentique. Mais il faut pourtant bien se faire une raison, Et tous ces contes bleus ne sont plus de saison : Il faut que le notaire, homme d'exactitude, D'un travail assidu se fasse l'habitude ; Va, malheureux ! et si quelquefois il advient Qu'un riant souvenir d'enfance vous revient, Si vous vous rappelez que la voix des génies Vous berçait, tout petit, de vagues harmonies ; Si, poursuivant encor un bonheur qu'il rêva. L'esprit vers d'autres temps veut se retourner : Va ! Est-ce avec tout cela qu'on mène son affaire ? N'as-tu pas ce matin un testament à faire ? Le client est fort mal, et serait en état, Si tu tardais encor, de mourir intestat.
Mais j'ai trente-deux ans accomplis ; à mon âge Il faut songer pourtant à se mettre en ménage ; Il faut faire une fin, tôt ou tard. Dans le temps. J'y songeais bien aussi, quand j'avais dix-huit ans. Je voyais chaque nuit, de la voûte étoilée, Descendre sur ma couche une vierge voilée ; Je la sentais, craintive, et cédant à mes vœux. D'un souffle caressant effleurer mes cheveux ; Et cette vision que j'avais tant rêvée. Sur la terre, une fois, je l'avais retrouvée. Oh ! qui me les rendra ces rapides instants, Et ces illusions d'un amour de vingt ans ! L'automne à la campagne, et ses longues soirées, Les mères, dans un coin du salon retirées, Ces regards pleins de feu, ces gestes si connus, Et ces airs si touchants que j'ai tous retenus ? Tout à coup une voix d'en haut l'a rappelée : Cette vie est si triste ! elle s'en est allée ; Elle a fermé les yeux, sans crainte, sans remords ; Mais pensent-ils encore à nous ceux qui sont morts ?
Il s'agit bien ici d'un amour platonique ! Me voici marié : ma femme est fille unique ; Son père est épicier-droguiste retiré, Et riche, qui plus est : je le trouve à mon gré. Il n'est correspondant d'aucune académie. C'est vrai ; mais il est rond, et plein de bonhomie : Et puis j'aime ma femme, et je crois en effet, En demandant sa main, avoir sagement fait. Est-il un sort plus doux, et plus digne d'envie ? On passe, au coin du feu, tranquillement sa vie : On boit, on mange, on dort, et l'on voit arriver Des enfants qu'il faut mettre en nourrice, élever, Puis établir enfin : puis viennent les années, Les rides au visage et les couleurs fanées, Puis les maux, puis la goutte. On vit comme cela Cinquante ou soixante ans, et puis on meurt. Voilà.
Félix Arvers. |
| | | Vevette17 Énergéticienne quantique
Messages : 38497 Age : 53 Localisation : charente maritime
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 22 Mar - 16:04 | |
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| | | Colombine Administrateur
Messages : 122410 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mar 23 Mar - 9:30 | |
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| | | olia Membre
Messages : 1874 Age : 80
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Jeu 25 Mar - 8:14 | |
| Les voleurs de rêves
J'en connais, vous aussi, Des voiles épais, des interdits, Des mots qui cassent l'élan, Des yeux qui brisent la magie, Des grands coeurs compatissants, Qui jugent votre vie.
Si l'ordinaire est rapetissé, Les gestes usés, Les mots insipides, Le regard vide
Attention , prudence, Les voleurs de rêves avancent...
Ennui, indifférence, Démission, omission, Peur de l'échec, de l'opinion, Voila quelques uns de leurs noms
Attention, prudence, Les voleurs de rêves avancent...
Cherchez farfadets, lutins, Gavez-vous de soleil, de vin, Nagez loin, très loin, Pour un mirage enfin, Celui du rêve lumineux, Du limpide, du merveilleux! Le rêve transformé, Devenu réalité.
theodeviau |
| | | Colombine Administrateur
Messages : 122410 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Jeu 25 Mar - 11:56 | |
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| | | Adelette Graphiste
Messages : 5144 Age : 77
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Jeu 25 Mar - 14:47 | |
| Titre : La vie intérieure. Poète : Henri-Frédéric Amiel (1821-1881) Recueil : Il penseroso (1858).
Aux deux extrémités du jour, lorsque la nuit Étend ou retire ses voiles, Quand le rayon douteux qui revient ou s'enfuit Laisse au ciel briller les étoiles, Alors, comme dans l'ombre un vaillant ouvrier S'assied, au labeur faisant trêve, Entre l'heure d'agir et l'heure d'oublier, La Terre se recueille et rêve. — Aux bornes du sommeil, quand enfin l'homme éteint Sa lampe ou déjà la rallume, Dans notre esprit alors notre avenir se peint, Et notre passé se résume ; Revoyant ses désirs, ses peines ou ses torts, L'âme regrette, espère ou pleure ; Et, sur soi repliée et comptant ses trésors, Vit de sa vie intérieure.
Henri-Frédéric Amiel. |
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