Goutte froide remarquable sur l'ouest de la FranceUn isolement d'air polaire particulièrement froid pour un mois de juillet circule en altitude sur la France. Image satellite canal vapeur d'eau du 28 juillet 2014 à 16h00 locales.
La goutte froide d'altitude est bien identifiable entre Pays de la Loire, Bretagne et Basse Normandie.
Jusqu'à -21°C vers 5.500 mètres d'altitude
La circulation atmosphérique aux latitudes tempérées est rythmée par une
succession de perturbations qui sont associées, en altitude, à des
descentes d'air polaire vers le sud. Ces décrochements d'air froid tendent régulièrement à s'isoler pour former ce que l'on appelle des "
gouttes froides", à savoir des plages d'air froid qui circulent de manière autonome en altitude et qui ne se dissipent généralement que lentement dans l'air plus chaud qui les environnent.
C'est le cas actuellement sur l'ouest de l'Europe, et plus particulièrement sur la
France, où circule depuis ce matin une
goutte froide très vigoureuse, qui s'est constituée au large du Groenland en milieu de semaine dernière. En son coeur, la température avoisine
-20 à -21°C vers 5.500 mètres d'altitude dans les simulations réalisées par les modèles numériques dans diverses résolutions (1 km, 7 km et 13 km) :
Température à 500 hPa dans la nuit du 28 au 29 juillet 2014. WRF-NMM en résolution 1, 7 et 13 km. Du jamais vu un 28 juillet depuis au moins 60 ans
Si l'on considère la journée du 28 juillet,
il n'y a pas d'équivalent de température aussi froide à 500 hPa sur l'ouest de la France depuis la fin des années 1940. Cette anomalie froide remarquable ressort clairement sur le graphique ci-dessous, qui présente la température minimale à 500 hPa chaque 28 juillet, sur l'ouest de la France, depuis 1948 inclus (données NCEP/NOAA). Le 28 juillet 2014 est ainsi le premier depuis près de 70 ans à présenter une température inférieure à -20°C à cette altitude, devant les 28 juillet 1977, 2000 et 1955, qui détenaient jusqu'alors les valeurs les plus basses.
A noter qu'à échelle nationale,
la température à 500 hPa présente un déficit depuis maintenant 3 mois : le déficit de mai (
-0,9°C par rapport à la normale 1981-2010) et le déficit de juin (
-0,6°C) devraient être suivis par un nouveau déficit durant ce mois de juillet (vraisemblablement aux environs de -0,5°C).
Antécédents de gouttes froides remarquables fin juillet
Même si l'événement est exceptionnel pour un 28 juillet, il y a néanmoins des
situations de goutte froide comparables qui ont déjà été observées sur l'ouest de la France durant une fin juillet. Ainsi,
si l'on considère la période du 26 au 31 juillet dans son ensemble, au moins deux épisodes de goutte froide avec températures voisines de -20 à -21°C à 500 hPa se sont déjà produits.
Le
29 juillet 1977, un profond thalweg d'altitude s'enfonce vers le nord de l'Espagne en survolant l'ouest de la France et le Golfe de Gascogne. La température à 500 hPa avoisine
-20°C le long des côtes de l'Atlantique :
Température à 500 hPa le 29 juillet 1977, à 03h et 06h TU. Reforecast WRF-NMM 27 km. Le
31 juillet 2002, une goutte froide s'isole sur le pointe bretonne. En fin de journée, la température s'abaisse jusqu'à
-22°C à 500 hPa sur le sud de la Bretagne, puis sur les Pays de la Loire en fin de nuit suivante :
Température à 500 hPa le 31 juillet 2002, à 21h et 23h TU. Reforecast WRF-NMM 27 km. Mais si l'on considère le
mois de juillet dans son ensemble, le record actuel de froid à 500 hPa sur l'ouest de la France a été enregistré le
9 juillet 1980. Ce jour-là, un vaste minimum dépressionnaire d'altitude recouvre la France, les îles britanniques et la Mer du Nord. Une goutte froide circule entre Finistère et côtes d'Aquitaine en fin de nuit et début de journée, avec jusqu'à
-23 à -24°C à 500 hPa :
Température à 500 hPa le 9 juillet 1980, à 01h et 08h TU. Reforecast WRF-NMM 27 km.