Une étude menée sur des seiches par une scientifique américaine, révèle chez le mollusque marin une étonnante capacité à se représenter rapidement de manière fiable l’ensemble de son environnement en ne visualisant seulement que quelques contours de celui-ci. Un atout de taille qui lui permet de peaufiner de manière brève et précise son camouflage.
Disposer d’une série de motifs cutanés ne suffit pas pour prétendre être la reine du camouflage, il faut aussi savoir choisir le bon et l’adopter rapidement avant de se faire repérer par un prédateur. Pour réussir une telle prouesse, la seiche possède une vision particulièrement développée couplée à une capacité d’interprétation des informations qu’elle reçoit. Une étude menée par Sarah Zylinski, chercheur post-doctoral à l'Université Duke en Caroline du nord, démontre en effet que la seiche est capable de se représenter clairement et rapidement l’intégralité de son environnement en traitant quelques contours de celui-ci, perçu par son appareil visuel.
Cette faculté, se rapproche étonnamment du processus de traitement des informations effectué par l’être humain. Celui-ci est en effet capable d’imaginer la forme d’un dessin à partir de "contours subjectifs". Cette disposition peut être facilement mise en évidence en regardant le triangle de Kanizsa, une illusion d’optique sur laquelle on perçoit deux triangles équilatéraux alors qu’aucun contour de la forme n’est réellement dessiné. "Les angles et les cercles de cette figure sont disposées de telle sorte que le cerveau les interprète comme deux triangles qui se chevauchent", explique dans un communiqué Sarah Zylinski.
Selon la scientifique, les yeux du mollusque céphalopode auraient petit à petit évolué pour travailler de manière similaire à ceux de certains vertébrés tels que les humains. Pour mettre en évidence une telle conclusion, Sarah Zylinski et son équipe ont mené une expérience sur 18 sèches, élevées en captivité selon un protocole bien particulier. Chacun des mollusques a été mis en contact avec un fond gris orné de contours blancs formant successivement trois motifs différents : des cercles entiers d’environ 6 millimètres de diamètre, des cercles en pointillés de même diamètre et les fragment des cercles en pointillés désordonnés de façon à ne plus ressembler à des cercles.
Même camouflage pour les cercles aux contours pleins ou en pointillés
Les résultats, publiés le 14 février dans la revue Proceedings of the Royal Society B, révèlent qu’à la vue des cercles qu’ils soient pleins ou en pointillés, les seiches adoptent le même type de camouflage. Celui-ci affiche une forme claire sur le dos de l’animal faisant penser à un gros polyèdre. Il est habituellement adopté lorsque le céphalopode cherche à se confondre avec une surface composée de gros cailloux. Lorsque les fragments des cercles en pointillés sont ensuite désordonnés, les seiches adoptent un tout autre camouflage, plus approprié à un sol sableux.
Selon les résultats mis en évidence, les seiches seraient capables d’identifier les cercles quand bien même le contour n’est pas entièrement défini, un peu comme le font les humains. Toutefois contrairement à ceux-ci, la vision des céphalopodes est monochromatique. En effet, la distinction des couleurs n’est pas nécessaire à leur survie. "Pour la seiche, ce qui est vraiment important, c’est d’être en mesure de répondre aux caractéristiques de base de son environnement pour adopter le camouflage qui lui permet d’échapper aux prédateurs", conclut Sarah Zylinski.
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