Une intense activité était déployée mercredi dans le port calabrais de Gioia Tauro pour transborder les armes et composants chimiques syriens, depuis un cargo danois vers le navire américain Cape Ray qui les détruira dans les eaux internationales.
"Pour le moment tout se passe bien. Nous avons effectué un effort extraordinaire (...) pour gérer toutes les opérations de transbordement", a déclaré le ministre italien de l'Environnement Gian Luca Galletti, venu suivre l'opération sur place pour le compte du gouvernement.
"Orgueilleux pour la contribution de l'Italie à la sécurité internationale, opération transparente et sûre pour l'environnement", a-t-il commenté sur twitter, à propos de la destruction de l'arsenal chimique syrien, qui a pris beaucoup de retard surtout dans la phase d'évacuation depuis la Syrie, mais touche désormais à sa fin.
Le transfert a débuté peu avant 07H00 GMT après un contrôle de l'état des conteneurs par une équipe d'inspecteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC, OPCW en anglais).
Un total de 78 conteneurs seront transférés du cargo danois Ark Futura sur le navire militaire Cape Ray au cours de cette opération qui devrait durer une vingtaine d'heures.
Les trois premiers conteneurs à être transbordés ont été ceux contenant l?ypérite (gaz moutarde), suivis de 75 autres contenant des composants du gaz sarin.
Le premier conteneur a été placé par une grue sur une sorte de chariot élévateur sur roues, qui l'a ensuite déplacé sur une structure métallique et l'a déposé dans la cale du Cape Ray alors que sur le cargo danois les conteneurs se trouvaient sur le pont principal.
Le Cape Ray était déjà à quai quand l'Ark Futura est arrivé à l'aube, escorté dans le port calabrais par une frégate de la Marine italienne.
Un hélicoptère militaire surveillait aussi l'espace aérien alors que l'autorité de l'aviation civile a interdit le survol du 1er au 3 juillet dans un rayon de 1,1 km autour de Gioia Tauro.
Les mesures de sécurité ont été renforcées et toutes les routes d'accès ont été fermées par les forces de l'ordre qui empêchent l'entrée de toute personne non autorisée dans le port lui-même.
Les pompiers sont chargés de faire des relevés avec des équipements sophistiqués pour détecter d'éventuelles émanations toxiques.
- Opération non dénuée de risques -
"Ce n'est pas une opération de routine, c'est une opération militaire et la préoccupation est très grande", a affirmé le syndicaliste Domenico Macri, en ajoutant: "on ne peut pas dire que c'est une opération à risque zéro".
Le gouvernement italien a fait son possible pour rassurer la population qu'un maire local a décrite comme "résignée" et qui n'a pas protesté contre un transbordement malgré tout délicat. Une petite flashmob a réuni quelques dizaines de personnes mardi soir tard à San Ferdinando, la ville la plus proche du port.
En janvier, le gouvernement avait souligné que le port de Gioia Tauro était parfaitement équipé et habitué à effectuer le transfert de "produits dangereux appartenant à la classe 6.1 (matériaux toxiques) de la classification fondée sur le code international concernant le transport de marchandises dangereuses". Rome avait chiffré à "3.048 le nombre de conteneurs contenant des substances toxiques de classe 6.1" manipulés dans le port de Gioia Tauro sur la période 2012/13.
Cette étape importante du processus de destruction de l'arsenal chimique syrien, géré par l'OIAC et l'ONU, est source de fierté en Italie et la ministre des Affaires étrangères, Federica Mogherini, avait initialement prévu d'y assister.
Elle a dû renoncer uniquement en raison de la date car elle devait se trouver ce mercredi à Strasbourg aux côtés du chef du gouvernement Matteo Renzi qui présente aux députés européens le semestre de présidence italienne de l'UE.
Ce transbordement est le résultat "de la seule opération positive et réussie qui s'est déroulée sur le territoire syrien et qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives de désarmement et de non prolifération dans la région", a récemment déclaré Mme Mogherini.
Selon l'OIAC, les opérations de neutralisation devraient prendre "jusqu'à 60 jours".