Après quatre années d'absence, l'« enfant terrible du Pacifique » devrait faire son retour. L'Organisation météorologique mondiale (OMM) a rendu public, mardi 15 avril, un bulletin prévisionnel estimant « probable » le réveil d'El Niño vers juin. Dans le Pacifique tropical, les températures sous la surface atteignent déjà des niveaux similaires à ceux qui préfigurent un épisode El Niño.
Fameux et redouté, ce phénomène naturel, qui survient tous les trois à sept ans, est caractérisé par un fort réchauffement des eaux de surface du centre-est du Pacifique équatorial. Il s'accompagne de perturbations météorologiques de grande ampleur un peu partout dans le monde, souvent associées à d'importants dégâts ainsi qu'à une envolée des cours de certaines denrées agricoles. Son nom (« l'enfant », en espagnol) lui vient des pêcheurs équatoriens et péruviens, qui le nommèrent ainsi en référence à l'enfant Jésus – le phénomène touchant souvent son paroxysme autour de Noël.
Une anomalie positive des températures des eaux de surface
Lors d'un épisode El Niño, les températures de surface de la mer dans la partie centre-est du Pacifique équatorial sont anormalement élevées. La Niña désigne, à l'inverse, le refroidissement périodique des eaux de surface. Ces 2 phénomènes correspondent aux deux phases du cycle ENSO (El Niño/Oscillation australe).
Une configuration favorable à la survenue de El Niño
Depuis le deuxième trimestre 2012, les indicateurs ENSO pour cette région étaient restés neutres dans le Pacifique tropical. Mais, depuis février 2014, sous l'effet combiné de deux épisodes de forts vents d'ouest et d'un affaiblissement des alizés, les eaux sous la surface du Pacifique central se sont considérablement réchauffées. Si elle devait persister, cette configuration pourrait favoriser la survenue d'un épisode El Niño à la fin du deuxième trimestre 2014. Près des deux tiers des modèles climatiques pris en compte par l'OMM prévoient que les valeurs seuils de déclenchement de cette anomalie climatique pourraient être atteintes vers le milieu de l'année. Il reste, en revanche, impossible de prévoir pour le moment l'intensité de cet épisode éventuel.
Des conséquences sur le climat à l'échelle mondiale
Ces anomalies climatiques sont des causes majeures de variabilité naturelle du climat. El Niño a ainsi une incidence marquée sur le climat de nombreuses régions du monde et tend à faire monter la moyenne mondiale des températures, contribuant à la survenue de sécheresses ou au contraire de précipitations abondantes dans différentes régions du monde.