Des chercheurs américains ont calculé un nouveau record de fonte des glaces du Pôle Nord. Estimée à 4,10 millions de kilomètres carrés, la surface de la banquise est ainsi la plus faible jamais vue. Ceci inquiète les scientifiques qui prédisent d'importants changements climatiques pour la planète, tandis que les sociétés pétrolières convoitent les nouvelles ressources naturelles que rendrait accessibles la fonte. Ce lundi 27 août, la NASA et le National Snow Ice Data Center (NSIDC) ont annoncé que la calotte glacière arctique avait battu son dernier record de fonte, qui datait de 2007. La banquise ne mesure donc plus que 4,10 millions de kilomètres carrés contre 4,17 millions il y a 5 ans. Ce sont ainsi pas moins de 70.000 kilomètres carrés de glaces qui auraient fondu.
Les mesures de la taille de la banquise arctique s'effectue depuis plusieurs années grâce à des satellites. Tous les étés, les glaciers fondent jusqu'à atteindre un volume minimum, puis se reconstituent lorsque l'automne arrive. En 2007, les chercheurs avait expliqué que la fonte extrême des glaces du Pôle Nord était due à un contexte climatique particulier. Mais cette année, hormis une tempête au début du mois d'août, le climat n'aurait aucune raison de provoquer la fonte. Mark Serreze, le directeur du NSIDC basé à la University of Colorado Boulder, a expliqué "qu'aujourd'hui la glace est si fine et si faible, que l'intensité du vent n'est plus importante". Ce serait le résultat de plusieurs décennies de réchauffement climatique qui aurait sensibilisé la banquise.
Ce qui inquiète particulièrement les experts est que la taille minimale des glaces est normalement atteinte en septembre. La calotte glacière devrait donc fondre pendant encore quelques semaines et battre très bientôt un nouveau record. Le chercheur du NSIDC Walt Meier a prévenu : "Tout cela, ce ne sont que des chiffres, mais c'est avant tout le signe que la couche de glace de l'océan Arctique est fondamentalement en train de changer". Hervé Le Treut, le directeur de l'institut parisien Pierre-Simon-Laplace, renchérit : "La banquise du Grand Nord est une région vigie pour tout ce qui concerne le réchauffement de la planète. Non seulement c'est la première à réagir, mais c'est là aussi où les impacts sont les plus forts. Le record enregistré lundi est un signal pour la communauté scientifique. Il a valeur de démonstration des conséquences de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre".
Un risque accru de tempêtesSelon les chercheurs, l'homme serait donc le principal responsable du réchauffement climatique. Depuis 1979, date à laquelle les premières images satellites de la banquise ont été prises, la surface des glaces a diminué de 40% pour une même période de l'année. À la fin du siècle, la banquise arctique devrait totalement disparaître durant l'été.
Hervé Le Treut signale que "ça va plus vite que ce qui était attendu. Mais ce n'est pas une erreur, plutôt une imprécision dans la chronologie. On a toujours des surprises. Les données physiques impliquées dans la fonte de la banquise sont très complexes". Mais, dès aujourd'hui, "les énormes surfaces libérées par les glaces génèrent des tempêtes dont les grosses vagues fragmentent les glaces restantes et accélèrent leur fonte", indique Peter Wadhams de la University of Cambridge. Il s'agirait donc d'un cercle vicieux.
Par ailleurs, l'US Geological Survey a estimé que les fonds marins arctiques recèleraient plus de 90 milliards de barils de pétrole, soit 13% des ressources mondiales exploitables et 50.000 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Cet été, la société pétrolière Shell a déjà lancé des explorations en mer de Beaufort et de Chukchi, au large de l'Alaska. Des firmes russes et norvégiennes se mobilisent également sur le terrain. Des armateurs projettent aussi d'ouvrir des routes maritimes par les passages du nord-ouest et du nord-est. Autant de projets qui montrent que la disparition de la banquise arctique suscite bien des convoitises au grand dam des écologistes.
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