En prison, la vie moins chère pour les détenus Les produits revendus (les « cantines ») ne sont plus achetés par chaque établissement, mais au niveau national. Cela permet des prix plus bas et identiques partout en France.Petite révolution dans la vie quotidienne des détenus en France : le prix des « cantines » est en baisse. Et pas de quelques centimes ! Les tarifs pratiqués par ces magasins internes aux prisons sont parfois divisés par deux, voire trois.
« Cela va au-delà de ce que nous espérions », se félicite François Korber qui, avec son association Robin des Lois, bataille pour le mieux-être de la population carcérale.
Cantiner ? Cela veut dire acheter des piles pour sa radio, des fruits, de la viande, des vêtements, de la boisson... Une dépense moyenne d'environ 150 € à 200 € par mois.
« Ce n'est pas un luxe, mais une quasi-obligation si l'on veut vivre décemment. L'administration alloue en moyenne 3 € par jour à la nourriture. Si vous devez vous contenter de ce que l'on vous sert, vous crevez de faim », insiste François Korber, lui-même ancien prisonnier.
Le prix du NutellaJusqu'à présent, chaque établissement organisait comme il l'entendait l'achat et la revente des produits. Dans deux rapports, en 2006 et 2010, la Cour des comptes avait signalé la disparité des tarifs pratiqués. Elle avait pris l'exemple d'un pot de Nutella, dont le coût faisait le yo-yo d'un centre de détention à un autre et pouvait dépasser de 30 % celui pratiqué dans l'hypermarché du coin. Le nouveau système en train de se mettre en place vient remédier à cette inégalité.
Le mérite en revient à Michèle Alliot-Marie, ex-garde des Sceaux. Après avoir harmonisé le tarif de location des téléviseurs dans les établissements publics (8 € par mois depuis le 1
er janvier), elle a demandé à ses services de s'attaquer au problème des cantines.
« Nous avons dressé une liste des 200 produits les plus achetés. Nous les avons répartis en six lots et nous avons lancé un appel d'offres aux fournisseurs », détaille un haut responsable de l'administration pénitentiaire (AP).
Eau en bouteille, canettes de cola, pâte à tartiner, chips, mélange café chicorée... Les prix de revente ont été fixés, non pas en fonction du prix d'achat mais de la moyenne pratiquée dans les prisons. Ce lissage est destiné à ce que le nouveau système ne sème pas la pagaille.
« Certains produits sont vendus à perte, d'autres avec une petite marge », précise encore le fonctionnaire. Le but est que, en fin d'année, le solde au plan national soit autour de l'équilibre.
Pas dans les prisons « privées »Avec un volume de commandes de plusieurs dizaines de millions d'euros par an, la pénitentiaire a surtout obtenu des prix canon. Elle a commencé, en février, à les répercuter auprès des détenus. D'abord en région Rhône-Alpes. Puis dans l'Est, le Midi, le Sud-Ouest, l'Ouest et la région parisienne. Seul le Nord, attend encore. Une affaire de semaines, deux ou trois mois tout au plus, assure-t-on à l'AP.
Seul bémol, mais de taille, la cinquantaine de prisons gérées par le privé sont restées à l'écart de la réforme. Soit environ 30 000 des 67 000 hommes et femmes incarcérés dans le pays.
« Ces établissements ont des contrats avec des fournisseurs qu'ils ne peuvent pas dénoncer du jour au lendemain, sauf à payer des pénalités », explique le responsable de l'AP. Mais il promet une généralisation des 200 produits à toutes les prisons de métropole pour
« début 2013 ».