L'uniforme pourrait-il faire son retour à l'école ?
En Grande-Bretagne, l'uniforme est plutôt un signe d'appartenance à un établissement.
L'UMP propose d'expérimenter le port d'un «vêtement commun», afin de «gommer les inégalités sociales».Le tablier bleu marine pourrait-il faire son retour dans les établissements scolaires, façon IIIe République ? L'UMP propose d'expérimenter, dans les établissements,
le port d'un «vêtement commun», afin de «gommer les inégalités sociales» et de renforcer «un esprit d'appartenance».
Cette décision, qui «serait discutée dans les conseils d'administration» des établissements scolaires, figure parmi les propositions de l'UMP sur «le pacte républicain et la nation» destinées à alimenter le projet présidentiel.
La décision d'introduire la blouse ou l'uniforme dépend aujourd'hui de chaque établissement, qui peut décider de l'inscrire dans le règlement intérieur. Cette pratique ne fait plus recette, faute de demande des parents et des enseignants, souligne-t-on au SNPDEN, le principal syndicat de chefs d'établissement. Jusqu'en 1968, les élèves portaient traditionnellement une blouse. Il s'agissait alors de protéger de l'usure et des taches les vêtements, plus coûteux qu'aujourd'hui. Dans le public, seul la maison d'éducation de la Légion d'honneur, à Saint-Denis, prescrit encore le port d'un uniforme bleu marine et une quinzaine d'établissements privés maintiennent un uniforme obligatoire, comme la Maison française, à Cuise-la-Motte (Oise), ou le collège Hautefeuille, à Courbevoie (Hauts-de-Seine). Au chic institut de La Tour (Paris), les élèves portent chemise blanche, écusson et pull bleu marine jusqu'en seconde. À l'école primaire de Saint-Jean de Passy, dans le même quartier, les enfants portent un tablier avec leur nom gravé.
«J'en suis ravie, témoigne Delphine, dont le fils aîné est en maternelle, car cela limite la tyrannie des marques, très forte dans ces établissements privilégiés.» Dans ce lycée professionnel de Versailles, un professeur a instauré avec succès une «journée uniforme» depuis cinq ans : «On apprend aux élèves à se débarrasser de leurs baskets et à s'habiller comme s'ils postulaient pour un emploi. Ils en redemandent !», dit-il.
«Sentiment de fierté»La tradition perdure dans certains départements d'outre-mer, comme en Martinique où des proviseurs vantent ce «code» qui crée un «sentiment de fierté». C'est cet argument, qui est le plus souvent mis en valeur en Angleterre ou au Brésil, adeptes de l'uniforme. Loin d'être conçu comme une gomme chargée d'effacer les différences sociales, l'uniforme est là-bas avant tout un signe d'appartenance à un établissement. «C'est comme un maillot de supporteur de football», témoigne Ann Morris, mère de famille britannique.
Cette question paraît cependant «gadget» aux yeux de Michel Richard, secrétaire général adjoint du SNPDEN. «Les différences sociales existent, ce n'est pas parce qu'on porte un tablier que l'on va les gommer. On a franchement d'autres priorités.» Ce sujet «anecdotique» et récurrent fait sourire à la direction de l'enseignement catholique ou chez les parents d'élèves de la Peep : «Je préférerai évoquer de vrais sujets de réforme», indique Valérie Marty, sa présidente.
L'idée resurgit régulièrement dans la bouche des ministres et des parlementaires UMP, d'autant plus que si elle divise les Français, elle est, selon les sondages, appréciée par les électeurs de droite. Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on est très prudent. Cette question ne devrait pas faire partie du programme présidentiel. On rappelle que les établissements scolaires ont déjà la possibilité d'instaurer l'uniforme.
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