NAIROBI (Reuters) - Onze millions d'habitants de la Corne de l'Afrique sont menacés par la famine et des centaines de milliers d'entre eux risquent de mourir de faim si la communauté internationale ne se mobilise pas, préviennent les Nations unies.
Les donateurs internationaux et l'Onu ont été très critiqués pour la lenteur de leur réponse à la sécheresse qui frappe la Somalie, l'Ethiopie, le Kenya et Djibouti, la pire que la région ait connue depuis une vingtaine d'années.
Les Nations unies ont décrété cette semaine l'état de famine dans deux régions du sud de la Somalie. Mais le Programme alimentaire mondial (Pam) a prévenu qu'il n'était pas en mesure d'acheminer de l'aide aux plus de deux millions de personnes qui y vivent car ces zones, contrôlées par les milices islamistes d'Al Chabaab, leur sont interdites.
"Pour le moment, nous ne parvenons pas à atteindre 2,2 millions d'habitants. Il s'agit de l'environnement le plus dangereux dans lequel nous ayons à travailler dans le monde. Mais des gens meurent en ce moment. Ce n'est pas une question politique, c'est une question de vies à sauver", a expliqué Josette Sheeran, directrice exécutive du Pam.
L'organisation Al Chabaab, qui entretient des liens avec le réseau Al Qaïda, a interdit l'année dernière l'acheminement de l'aide alimentaire dans les régions sous son contrôle.
En visite à Nairobi, le ministre australien des Affaires étrangères, Kevin Rudd, a estimé dimanche que la situation en Somalie nécessitait une réponse adaptée.
"La situation sécuritaire sur le terrain n'est pas la même partout. Il faut autoriser l'Onu à sortir du cadre habituel", a déclaré Kevin Rudd.
"Soit on regarde de loin, on reste les bras croisés et on ne fait rien en attendant que le monde devienne parfait, soit on y va et on se met au travail maintenant."
"Ce sera une mission complexe, dangereuse et risquée", a prévenu le ministre, sans toutefois préciser quels moyens il souhaiterait voir accordés aux Nations unies.
GÉNÉRATION PERDUE
La Somalie a été le théâtre de la première intervention d'ingérence humanitaire en 1992, mais l'opération militaire américaine "Restore Hope", lancée sous mandat de l'Onu, n'a pas mis fin à la guerre civile qui déchire le pays depuis vingt ans.
Kevin Rudd a rappelé que des centaines de milliers de personnes risquaient de mourir si la communauté internationale ne se mobilise pas, notamment financièrement.
Josette Sheeran a annoncé que le Pam avait reçu des promesses de dons de 220 millions de dollars ces dernières semaines, mais qu'il lui manquait toujours 360 millions de dollars pour boucler son budget jusqu'à la fin de l'année.
Les opérations humanitaires sont rendues encore plus coûteuses par la nécessité de parachuter l'aide dans les régions inaccessibles.
De retour d'une visite dans un camp de réfugiés à Dadaab, au Kenya, Josette Sheeran a raconté avoir rencontré des mères somaliennes qui ont dû abandonner leurs bébés, trop faibles, pour franchir la frontière.
Selon les médecins du camp, ma malnutrition chez les enfants a atteint le niveau 4 -un niveau où l'espérance de vie n'est plus que de 40%.
"On pourrait perdre une génération entière dans la Corne de l'Afrique", a mis en garde Sheeran.
La situation en Erythrée, l'un des pays les plus fermés au monde, à la frontière de la Somalie et de l'Ethiopie, est également jugée préoccupante par les experts.
Tangi Salaün pour le service français
http://fr.news.yahoo.com/onze-millions-dafricains-menacés-par-la-famine-151755595.html