Canicule : doit-on craindre un été aussi chaud que l'année dernière ?mardi 13 juin 2023
Nous approchons des deux mois les plus chauds de l'année. Faut-il craindre un été 2023 propice à des canicules en France ? Météo Villes vous donne quelques éléments de réponse.
Début d'été chaud mais sans valeurs extrêmes
En France, la moyenne des températures maximales est systématiquement au dessus du seuil de chaleur (25°C) depuis le 27 mai 2023, soit maintenant depuis 18 jours consécutifs. Une série d'au moins 15 jours à plus de 25°C en France n'avait jamais débuté au mois de mai depuis le début des relevés ! Auparavant, la série semblable la plus précoce avait débuté le 6 juin 2003. Cependant, cette information a été quelque peu déformée par certains médias. La donnée comparaison statistique avec 2003 s'arrête à cette simple constatation et ne peut nullement prévoir la suite de l'été.
En France, la moyenne des maximales dépasse les 25°C depuis le 27 mai 2023 - via Gaétan Heymes / Météo France
Si la chaleur s'est installée durablement et avant même le début de l'été météorologique, il faut préciser que les valeurs enregistrées restent pour le moment assez modestes. En date du 13 juin 2023, rares sont les secteurs a avoir dépassé les 31 ou 32°C et certaines villes du pays n'ont pas encore atteint le seuil de forte chaleur (30°C) en 2023, comme Lyon. Rappelons qu'en 2022, les fortes chaleurs étaient arrivées nettement plus tôt avec des valeurs à plus de 30°C sur la moitié nord et des pointes à
plus de 35°C au sud-ouest dès le début de la seconde quinzaine de mai !
Températures maximales relevées les 17 et 18 mai 2022 - via infoclimat.fr
Un été 2023 parti pour être chaud
Avant d'évoquer le duo juillet-août, il est important de noter que le mois de juin 2023 présentera probablement une forte anomalie chaude. Entre le 1er et le 12 juin 2023, l'écart thermique aux normales 1991-2020 est de
+2,8°C en France ! Si la chaleur n'a pas vraiment été intense, elle s'est en revanche montrée durable et étendue, d'où une anomalie positive notable. Avec des prévisions chaudes à perte de vue, il est d'ores et déjà acquis que juin 2023 sera plus chaud que la normale en France. Cependant, il est intéressant de noter qu'un mois peut être plus chaud que la normale sans que l'on parle d'épisode de canicule. Une chaleur modérée et persistante peut suffire à générer une anomalie positive notable.
Écart thermique à la normale en France entre le 1er et le 12 juin 2023 - via infoclimat.fr
Pour ce qui est des mois de juillet d'août 2023, les dernières mises à jour des tendances saisonnières n'ont fait que renforcer les projections chaudes. Les cartes ci-dessous montrent l'anomalie moyenne calculée à partir de la moyenne de tous les modèles saisonniers. Il en ressort une tendance chaude notable sur la France pour les deux mois avec une anomalie de +1 à +2°C sur une grande partie de l'hexagone, aussi bien pour le mois de juillet que pour le mois d'août.
Moyenne des modèles saisonniers pour l'anomalie thermique en juillet et août 2023 - via ECMWF
Toutefois, il n'est pas possible de dire si une ou plusieurs canicule(s) toucheront la France au cours de cet été 2023. Nous avons vu plus haut qu'une chaleur modérée durable conduit à une anomalie chaude sans qu'il y ait besoin de valeurs caniculaires. De plus, les modèles saisonniers donnent des tendances sur de longues périodes, si bien qu'elles sont lissées. Ces modèles à long terme ont vocation à donner les grandes lignes et ne disposent pas de la précision suffisante pour prévoir un épisode caniculaire d'une semaine.
À ce jour, nul ne peut savoir si une ou plusieurs canicule(s) frapperont la France d'ici la fin août... Un risque exacerbé par le réchauffement
Pour autant, le réchauffement climatique joue forcément un rôle dans l'augmentation du risque de vivre un été chaud. La courbe ci-dessous montre l'évolution des températures moyennes en France durant les étés (juin-juillet-août) de 1930 à 2022. On constate une nette augmentation des températures estivales depuis les années 1980 et particulièrement depuis le début du XXIème siècle. Ainsi,
3 des 4 étés les plus chauds sont survenus lors des 5 dernières années (2018, 2019 et 2022) et l'été le plus frais du siècle actuel (2007) était un été banal jusqu'aux années 1980... Malgré tout, nous pouvons encore vivre des étés classiques comme ce fut le cas en 2021 ou en 2016.
Température moyenne en France durant l'été de 1930 à 2022 - graphique infoclimat.fr
En ce qui concerne les épisodes de vagues de chaleur, leur fréquence s'est envolée depuis le début du XXIème siècle et encore plus depuis la décennie 2010. Sur la période allant de 1947 à 2022, Météo France a recensé 44 épisodes de vagues de chaleur (ou canicules) dans notre pays. Sur ces 44 épisodes, 20 ont eu lieu depuis 2010 ! Cela veut dire que les 12 dernières années concentrent près de la moitié des vagues de chaleur observées depuis 75 ans... Dans le climat d'aujourd'hui, il devient donc difficile de vivre un été sans vague de chaleur.
Vagues de chaleur répertoriées en France de 1947 à 2022 - graphique Météo France