Essence : «un retour à la normale dans 4 à 5 jours»
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Alors que 4000 stations-service sont en attente d'approvisionnement, François Fillon annonce une mutualisation des stocks de réserve pour que la situation redevienne normale d'ici à la fin de la semaine. Des députés UMP reprochent au gouvernement de minimiser la situation. Le gouvernement est contraint d'intervenir pour favoriser l'approvisionnement des stations-service en carburant. A l'issue d'une réunion de crise organisée mardi après-midi à Matignon, François Fillon a annoncé aux députés UMP qu'un «plan d'acheminement des carburants» avait été mis en place et que «dans quatre ou cinq jours, la situation redeviendra normale».
Concrètement, les distributeurs de carburant, pétroliers et hypermarchés vont mettre leurs stocks en commun afin de livrer les stations en manque. Pour assurer l'acheminement du carburant, les participants à cette réunion d'urgence se sont engagés à mettre en place des moyens de transport supplémentaires, au besoin grâce à des camions étrangers.
Une seconde réunion, organisée à L'Élysée, s'est tenue en fin d'après-midi en présence de Nicolas Sarkozy, du premier ministre et de plusieurs membres de son gouvernement. Le président de la République avait annoncé quelques heures plus tôt qu'il allait
prendre des mesures contre les blocages dans les raffineries et pour «garantir l'ordre public».
Près de 4000 stations-services touchéesL'exécutif poursuit un double objectif. Il cherche à rassurer les automobilistes, toujours plus pressés de remplir leurs réservoirs pour échapper à la pénurie à mesure que les stations ferment. Entre 1000 et 1500 stations-service étaient touchées mardi dans la grande distribution sur un réseau de 4800 pompes, selon l'Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP). Les distributeurs indépendants, qui revendiquent un réseau de 3500 stations, comptent «au moins autant de stations touchées». Au total, d'après Jean-Louis Borloo, ministre de l'Écologie, «près de 4000 stations» sont en attente d'approvisionnement.
Mais le gouvernement se retrouve aussi à devoir calmer la grogne qui monte au sein de la majorité. Car à force de minimiser l'importance de la pénurie pour éviter les pleins de précaution, le discours se retrouve déconnecté des réalités du terrain. «Arrêtons de dire qu'il n'y a pas de pénurie ! Chez moi, il n'y a plus une goutte d'essence», a tempêté Serge Poignant, député de Loire-Atlantique ce mardi, lors d'une réunion à l'UMP . «Il y a besoin de faire évoluer les éléments de langage sur le 'pas de pénurie' parce que ça crée un malentendu», a confirmé Jean-François Copé, patron des députés de la majorité.
Des arrêts de production d'ici à la fin de la semaineL'impact de la pénurie de carburant se fait quoi qu'il en soit déjà sentir dans les entreprises. Les salariés «commencent à avoir du mal à arriver sur le lieu du travail», a expliqué le secrétaire général de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), Jean-Eudes du Mesnil du Buisson. Ce dernier met en garde contre le risque d'avoir, «d'ici à la semaine prochaine», «un ralentissement ou des arrêts de production» dans le cas de poursuite ou d'amplification de la pénurie. Même préoccupation au Medef, où Laurence Parisot a évoqué «des perturbations sensibles» dans le bâtiment, les travaux publics ou encore la chimie.
S'il est encore difficile de chiffrer l'impact de la pénurie
de nombreux secteurs sont touchés. «La fin de la semaine va être très difficile», a averti le délégué général de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) Jean-Paul Deneuville, demandant au gouvernement de «débloquer les dépôts». Selon la principale fédération des transporteurs routiers français, environ 90 des 250 pompes dédiées aux routiers étaient à sec lundi soir. «Sans camions», a insisté Jean-Paul Deneuville, «il y a un risque de paralysie de l'économie».
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