Ce qu’il faut savoir sur l’étrange lueur observée dans le ciel nordiste dimanche dernier
Publié le 06/09/2015
PAR THOMAS BOURGOIS
Une boule de feu, suivie d’une longue traînée jaune orangée… Des dizaines de Nordistes ont rapporté cette drôle d’observation dans le ciel de la région dimanche dernier à la tombée de la nuit. Lucie Maquet, originaire de Saint-Omer et astronome à l’observatoire de Paris, répond à nos questions.
Des centaines de Nordistes se sont empressés de raconter leur observation dimanche dernier sur Facebook. Qu’en pensez-vous ?
« J’ai vu sur votre page Facebook que beaucoup de personnes se demandaient ce qu’il se passait. C’est aussi notre rôle d’astronome de les rassurer et de dire “Non, ne vous inquiétez pas, c’était juste une grosse étoile filante, un caillou qui entre dans l’atmosphère et qui brûle...” Après, le terme d’étoile filante n’est pas scientifique ; ce n’est pas une étoile, mais tout le monde le comprend. »
– Ce genre d’observations est-il peu courant ?
« Non, ce n’est pas un phénomène rare. Il faut savoir que plusieurs dizaines de tonnes de roches tombent sur la Terre chaque année. Ce qui est moins commun, c’est la luminosité du phénomène et que plein de monde l’ait aperçu (de Tours, jusqu’aux Pays-Bas, NDLR). C’est un phénomène qui s’est passé à plus de 100 kilomètres d’altitude, ce qui étend la zone d’observation.»
– Le météoroïde a-t-il touché le sol ?
« Plusieurs personnes disent avoir vu différentes boules de feu, ce qui voudrait dire qu’il s’est brisé. Vu l’intensité du phénomène, c’est-à-dire qu’il n’a pas non plus fait jour en pleine nuit, on peut penser qu’il s’est désintégré. »
– Mais l’observatoire de Paris lance un programme, « Fripon », qui devrait permettre de trouver des météorites…
« Oui, on est en train de déployer plus d’une centaine de caméras en France, avec un réseau de planétariums et d’écoles par exemple, pour regarder le ciel en continu et repérer les plus gros phénomènes d’étoiles filantes. On pourra ainsi déterminer s’il y a une météorite (un caillou qui n’est pas totalement désintégré) et envoyer une équipe pour la récupérer et l’analyser en labo. »
– Combien de caméras seraient déployées dans la région ?
« Il y en aura au moins quatre. On essaie de faire un maillage uniforme sur le territoire, avec des caméras éloignées chacune entre 80 et 100 kilomètres. Il y en aura notamment une vers Boulogne, une au planétarium de Capelle-la-Grande et une à l’observatoire de Lille. Je serai la correspondante du projet dans la région. »
– Quels résultats attendez-vous de cette expérience ?
« Déjà, quand on aura ramené la première météorite, ce sera un accomplissement. Grâce à ce maillage, on pourra observer les mêmes étoiles filantes via plusieurs caméras et ainsi calculer la trajectoire de chute dans l’espace. Jusqu’à maintenant, on envoie des sondes pour analyser les composantes des comètes. Là, on pourra récupérer les cailloux. Ce qu’on attend c’est d’analyser la météorite, savoir ce qu’il y a dedans et faire le lien avec l’espace... Ça coûte beaucoup moins cher qu’une mission spatiale. »
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