Plus de 50°C et instabilité extrême dans le Golfe Persique en ce début de mois de juin
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- Mis en ligne le 4 juin 2015
Des températures extrêmes ont été relevées dans le Golfe ce début juin. Au gré des brises marines, les valeurs d'instabilité deviennent extrêmes mais aucun orage ne peut se développer. Explications.
Image satellite Terra du 3 juin 2015 dans le Golfe Persique
Plus de 50°C dans l'intérieur et une instabilité extrême régie par les brises marines
Depuis le début du mois,
la première vague de chaleur extrême a frappé les états du Golfe, de l'Iran au Koweït, de l'Arabie Saoudite au Qatar et des Emirats Arabes Unis au Sultanat d'Oman.
La barre des 50°C a été franchie aussi aussi bien sur le sud-ouest de l'Iran qu'au Koweït et aux Emirats Arabes Unis. Une température de 50.7°C a ainsi été relevée à Swiehan le 3 juin.
A Dubaï, les 50°C ont été approchés en centre-ville, juste avant la levée des brises marines. A l'aéroport de Dubaï, la température a atteint 47.9°C, soit un nouveau record mensuel avant de chuter brutalement à 36°C à la levée des brises. En 1h, le point de rosée est ainsi passé de -4 à +26°C et la température a chuté de 47.9° à 36°C !
Les pays du Golfe sont soumis en été à des températures extrêmes, influencées par les vents parfois soutenus, venus du désert. Ces chaleurs extrêmes s'accompagnent par ailleurs d'une sécheresse tout aussi extrême à basse et moyenne altitude. Ces derniers jours, des valeurs d'humidité proches de 1% ont été relevées dans l'intérieur des terres de l'Iran, du Koweït ou dans le désert des Emirats.
Sur le littoral, lorsque les brises marines se lèvent, on assiste alors à une humidifcation très brutale des très basses couches, qui rendent l'atmosphère lourde et difficilement supportable.
Au gré des brises, l'instabilité peut ainsi devenir extrême sur les régions côtières. Ce fut le cas à Dubaï le 3 juin, ce sera le cas au Qatar le 4 juin et c'est le cas tout l'été sur le sud de la Mer Rouge avec près de 6.000 à 8.000 J/kg de MUCAPE, soit des valeurs proches des records mondiaux.
MUCAPE (instabilité) simulée par WRF du 3 juin à 13h TU au 4 juin à 13h TU Les profils verticaux peuvent donc présenter une MUCAPE certes extrême mais aucun orage ne peut se déclencher dans cet environnement. L'absence de quelconque forçage, l'inhibition convective marquée et la masse d'air très sèche dès les basses couches supérieures empêche tout développement convectif.
Ces variations d'instabilité au gré des vents ne se rencontre dans ces régions que sur les zones côtières. Dans l'intérieur des terres, durant plusieurs mois, la masse d'air reste constamment sèche, comme à Omidieh en Iran où le profil vertical reconstitué du 3 juin montre une masse d'air extrêmement sèche sur les 5000 premiers mètres de la troposphère :
Profil reconstitué d'Omidieh (Iran) en cours d'après-midi du 3 juin http://www.keraunos.org/actualites/fil-infos/2015/juin/chaleur-50-degres-golfe-persique-instabilite-extreme-dubai-record-temperature.html