Colombine Administrateur
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| Sujet: La polémique sur l'affaire du bébé rom enfle Mar 6 Jan - 12:09 | |
| France06 janvier 2015 11:09; Act: 06.01.2015 11:26 Print La polémique sur l'affaire du bébé rom enfle Le refus d'inhumer un bébé rom en fin de semaine passée a suscité maints commentaires indignés. Cette affaire illustre une discrimination croissante, affirment des sociologues et des associations.Voir le diaporama en grand » Photo: AFP/Kenzo Tribouillard 1|8 Le maire d'une commune de l'Essonne a refusé cette semaine l'inhumation d'un bébé rom dans sa commune. Cette décision a été vivement critiquée.
«Injure» à la «mémoire» du bébé décédé avait réagi le Premier ministre Manuel Valls, tandis que Marine Le Pen, dirigeante du Front national (extrême droite) avait évoqué un «défaut d'humanité». Le président socialiste François Hollande a déclaré refuser que la France «s'en (prenne) à l'autre comme ça s'est passé dans ce cimetière». La justice française a ouvert une enquête préliminaire pour «discrimination», même si le maire de la commune concernée par cette affaire a contesté avoir refusé l'inhumation. Celle-ci a finalement eu lieu lundi dans une bourgade voisine. Pour la Ligue des droits de l'Homme, cet épisode est un «pas supplémentaire dans l'abject». Il «heurte profondément toutes les valeurs auxquelles nous sommes attachés». Dans son rapport annuel sur la lutte contre le racisme, publié en avril dernier, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) s'inquiétait de la «banalisation de la parole raciste à l'égard des Roms». Sa présidente Christine Lazerges note «une ethnicisation dramatique du problème de l'insertion de cette population».
Phénomène ancien La stigmatisation des Roms est un phénomène ancien. Il semble s'être accéléré ces dernières années. En France, en 2013, plus de 87% de la population considérait les Roms comme un «groupe à part» dans la société, soit 21 points de plus depuis janvier 2011, selon le rapport de la CNCDH. C'est beaucoup plus que les Maghrébins (46%) et les Asiatiques (41%). Les sondés étaient ainsi 85% à estimer que les Roms migrants exploitent très souvent les enfants. Ils étaient 78% à penser qu'ils vivent essentiellement de vols et de trafics.
«Nouveau bouc émissaire» Pour Mme Lazerges, l'affaire du bébé rom est «la preuve épouvantable que le nouveau bouc émissaire en France, c'est le Rom». Même son de cloche pour Eric Fassin, sociologue à l'université Paris VIII et coauteur d'un ouvrage («Roms et Riverains») très critique sur la politique publique vis-à-vis des Roms. Il parle d'une «chronologie du pire» où les incidents n'ont cessé d'empirer depuis 2010. «A chaque fois, la petite phrase passe; à force de dérapages, c'est un glissement de terrain. Mais dans le cas du bébé rom, pour une fois, on trouve que c'est allé un peu loin», affirme-t-il.
«Spectacle de la misère» Le paradoxe est que les populations concernées sont peu nombreuses, entre 15'000 et 20'000 personnes, sur une population française globale de 65 millions de personnes. Mais «le spectacle de la misère en temps de crise devient très sensible en termes politiques», note Tommaso Vitale, chercheur au Centre d'études européennes. Presque partout en Europe, la question «est devenue un enjeu important ces dernières années, liée à un discours populiste disant: est-ce que l'Europe nous envoie des Roms ou est-ce qu'elle nous donne des politiques sociales pour sortir de la crise?», note-t-il. Si la discrimination augmente, la dénonciation de ses effets aussi, notent les observateurs. Mais il y a encore beaucoup à faire pour lutter contre les préjugés. «La parole publique doit changer, les associations doivent être plus aidées, il faut qu'il y ait une médiation culturelle» sur le sujet, note Mme Lazerges.
Vision manichéenne Les associations dénoncent aussi les évacuations de bidonvilles, que le gouvernement socialiste a accélérées depuis son arrivée au pouvoir en 2012. Elles entravent l'accès régulier à l'école, facteur essentiel d'intégration, selon ces associations. M. Vitale appelle à changer la vision manichéenne d'une communauté rom réduite aux seuls habitants des bidonvilles. «Sans cela, rien n'est possible, il y aura toujours un stigmate de criminalité, de déviance, de cruauté». (ats) http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/La-pol-mique-sur-l-affaire-du-b-b--rom-enfle-18376970 |
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