Le Premier ministre australien Julia Gillard a annoncé samedi la tenue, le 21 août, de législatives anticipées dont les principaux enjeux seront l'économie, le climat et les contrôles aux frontières.Le Premier ministre australien Julia Gillard (photo) a annoncé samedi la tenue, le 21 août, de législatives anticipées dont les principaux enjeux seront l'économie, le climat et les contrôles aux frontières. (Reuters/Andrew Taylor)
Première femme nommée à la tête du gouvernement australien, Julia Gillard a pris ses fonctions il y a trois semaines lorsque le Parti travailliste l'a portée à sa tête après le retrait de Kevin Rudd.
Ce dernier avait été mis en minorité au sein du Parti travailliste, sous la menace d'une défaite aux législatives alors attendues en octobre.
Jusque-là malmenée dans les sondages, la formation est ensuite repassée légèrement en tête des intentions de vote.
Julia Gillard, qui a succédé le 24 juin à Kevin Rudd, avait annoncé son intention de convoquer des élections anticipées.
"Je sollicite auprès des Australiens un mandat pour faire avancer l'Australie", a-t-elle déclaré samedi lors d'une conférence de presse.
"Aller de l'avant signifie faire progresser les excédents budgétaires et renforcer l'économie", a ajouté le Premier ministre, qui a fait de l'emploi le mot clé de sa campagne.
"Je crois que ce sera véritablement une élection serrée, une élection très serrée, et ce sera une campagne difficile."
DEUX PERSONNALITÉS CONTRAIRESLe Parti libéral national (droite) de Tony Abbott doit reprendre neuf sièges aux travaillistes pour les mettre en minorité à la chambre basse du Parlement. S'il reprend au moins 13 sièges, il obtiendrait seul la majorité absolue.
Le gouvernement sortant, qui a su éviter la récession pendant la crise financière mondiale, s'est engagé à en finir avec les déficits budgétaires d'ici 2013, mais les électeurs jugent l'opposition mieux à même de redresser les comptes publics.
Julia Gillard a affirme que son projet sera concentré sur l'emploi, l'éducation, les services de santé publique, la lutte contre le changement climatique et la protection des frontières.
Elle a promis d'instaurer une taxe de 30% sur les revenus miniers qui permettrait de lever plus de sept milliards d'euros d'ici 2012. Elle juge l'adoption d'une taxe carbone inévitable et plaide pour la création d'une bourse des droits d'émission en 2012 ou 2013.
"Des politiques seront menées par une personne qui croit à la réalité du changement climatique, qui croit que l'activité humaine en est à l'origine et qui n'a jamais remis en cause cette croyance", a dit Gillard, qui va notamment chercher à ramener les électeurs écologistes vers son parti.
Elle propose en outre la création d'un centre de traitement des demandeurs d'asile en provenance du Timor Oriental, alors qu'Abbott prône la réouverture de centres de rétention.
"Avec les travaillistes, nous nous dirigerons vers plus de dette, plus d'impôts, plus de dépenses et plus de bateaux. C'est pourquoi les travaillistes doivent partir pour que notre pays avance", a dit Abbott en conférence de presse à Brisbane.
Le dirigeant conservateur met lui aussi l'emploi au coeur de la campagne et assure que son camp renoncera aux lois du travail dures qui lui avait coûté les législatives en 2007.
Sur l'environnement, il a marqué une opposition nette. "La coalition respectera l'environnement parce que nous n'avons qu'une planète où vivre, mais on n'aide pas la planète en détériorant l'économie", a-t-il dit.
L'Australie est un des plus gros émetteurs au monde de gaz à effet de serre par habitant.
Le duel mettra enfin aux prises deux personnalités très différentes. Abbott est un catholique conservateur fervent, jadis tenté par l'ordination, et s'oppose aux mariages des couples homosexuels et à l'avortement.
Julia Gillard ne cache pas qu'elle ne croit pas en Dieu, n'est pas mariée mais vit avec le même compagnon depuis des années. Elle n'a pas d'enfants.
Jean-Philippe Lefief et Grégory Blachier pour le service français