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 "J'ai 76 ans et je travaille 7 jours sur 7"

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MessageSujet: "J'ai 76 ans et je travaille 7 jours sur 7"   "J'ai 76 ans et je travaille 7 jours sur 7" EmptyVen 5 Déc - 10:43


"J'ai 76 ans et je travaille 7 jours sur 7" Et_vou10
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Colombine
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Colombine


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MessageSujet: Re: "J'ai 76 ans et je travaille 7 jours sur 7"   "J'ai 76 ans et je travaille 7 jours sur 7" EmptyVen 5 Déc - 12:20

Sabine Pirolt
«J'ai 76 ans et je travaille 7 jours sur 7. 
Tous les matins, je prends le train de 6h22 à Vevey. J'arrive à Montreux à 6h30. Mon petit magasin est à quelques minutes de la gare. Je vends des lasagnes, des raviolis, des cannellonis, des pappardelle et du tiramisu. Dès que j'arrive, je me mets à cuisiner. Je fabrique les pâtes de A à Z, avec des œufs frais du pays. Je ferme à 19h, mais je vais bientôt changer et terminer une demi-heure plus tôt. C'est que je travaille aussi le samedi et le dimanche. Bon le dimanche, je reste jusqu'à midi, puis je rentre manger avec les miens. Je reviens dans l'après-midi pour nettoyer.
Le lundi, mon magasin est fermé, car je m'occupe des achats et de toute la préparation.  De temps en temps, je prends congé le samedi après-midi. Je m'offre également 2 fois 2 semaines de vacances par année, dont une de thalassothérapie à Djerba, vers l'automne, pour bien passer l'hiver. Je me suis fait opérer en semptembre, mais tout va bien.
Recettes secrètes
Dans la famille, on me dit souvent: «Quand est-ce que tu arrêtes?» Mais si j'arrête, je suis perdu. Ma femme ne râle pas trop. De toute façon, qu'elle râle ou pas, ça ne change rien. Elle vient très souvent m'aider à cuisiner le matin et un moment le soir.
Il y a des gens qui voudraient racheter mon affaire. Ils viennent au magasin et me disent: «A ton âge, c'est le moment d'arrêter.» Mais je ne suis pas décidé à vendre. Et le jour où j'accepterai de le faire, il faudra que ce soit à quelqu'un du métier. Ca me ferait mal que mon successeur ferme boutique quelques semaines après avoir pris la relève. Beaucoup de gens me disent de prendre soin de moi. Je leur réponds: «Je prends soin de ma famille, des clients et de moi en dernier.» Ce n'est pas spécialement l'argent qui me motive, même si je gagne bien ma vie. J'aime ce que je fais, tout simplement. Et tant que j'ai du plaisir, je continue. Je travaille beaucoup. Je suis plus suisse qu'un Suisse.

Dire oui. Ou non
Il y a des jours un peu plus calmes, puis ça repart. Je fais également des raviolis pour les restaurants et les hôtels de la région. Mes recettes? Ce sont toutes les miennes et elles sont secrètes. Tout est dans ma tête. Je ne sais pas encore si je les donnerai quand j'arrêterai. A mon âge, j'ai un avantage: je peux faire ce que je veux. Evidement, le chef, c'est quand même le client. Il faut que je sois disponible. Mais je peux me permettre de refuser des commandes. C'est ce que j'ai fait il y 2 jours. Un choeur d'une centaine de personnes m'a demandé de lui préparer un repas pour lundi dans 3 semaines.  Si j'avais dit oui, j'aurais dû travailler tout le dimanche.
De la Sicile à Chiasso
Aujourd'hui, je suis plus heureux qu'à 19 ans. C'est à cet âge-là que j'ai débarqué en Suisse. Je suis né en Sicile. J'ai passé toute mon enfance et mon adolescence à Enna, au centre de l'île. J'avais une vie tranquille. J'ai 2 soeurs et 3 frères. Je suis l'aîné. Mon père avait une trattoria. Quand j'ai fini l'école, j'ai commencé à travailler avec le cuisinier. Depuis tout petit, la cuisine, c'était mon rêve. J'ai décidé de partir en Suisse pour gagner de l'argent et faire quelque chose de mieux en retournant au pays. Mais on reste 2 ou 3 ans et finalement, on arrive à 70 ans passé, et on ne pense plus à rentrer.
Travailler comme un esclave
Le voyage d'Enna à Chiasso a duré 36 heures. Sur place, on a  dû passer une visite médicale et puis on a dormi dans un hangar. C'était pire que dans une prison. A quoi je pensais? A rien. Ou alors à une seule chose: gagner de l'argent pour rentrer au pays. Il y avait plein d'immigrés comme moi. Ils allaient travailler sur les chantiers, dans la restauration.
Dans le temps, on était traité comme des esclaves. Je travaillais 11 heures par jours, 6,5 jours sur 7. Nourri et logé, je recevais 148frs 50 par mois. Mon demi-jour de congé, je le passais souvent à dormir. Je travaillais dans un restaurant, près du lac des Quatre-Cantons.
Passer de la Sicile à la Suisse alémanique, c'était plus qu'un choc! Par la suite, j'ai travaillé en Suisse romande: les gens y sont plus agréables. Je changeais souvent d'endroit, pour varier: j'ai travaillé à La Chaux-de-Fonds, Vevey, Verbier, Genève, Grand-Lancy, Sion.  Je me suis marié en 1965, avec une Vaudoise, elle était caissière. J'ai un fils et une fille, qui habitent en Suisse romande.
Ciao patron!
Je me suis mis à mon compte lorsque j'avais 50 ans. J'étais chef de cuisine au restaurant La Locanda, à Montreux. Lorsque j'ai commencé, le chiffre d'affaires annuel était de 500 000 francs. Neuf ans plus tard, il avait grimpé à 1 million 200 000 francs. Un jour, alors que ma femme était venue me chercher, mon patron lui a dit que je lui coûtais trop cher. A l'époque, je gagnais 3'000 francs par mois. On était en 1987. J'arrivais à faire vivre ma famille, c'est tout. On allait en vacances dans une petite pension sur l'Adriatique. Vexé, je lui ai envoyé mon congé. Il a voulu discuter. Je lui ai dit: «Je reviens, mais si tu me paies 1000 francs de plus par mois, avec les arriérés depuis 9 ans.» Il a refusé.
Je savais bien que ça ne marcherait pas. Quelques mois auparavant, il m'avait joué un sale tour qui m'avait fait réfléchir. Pour mes 50 ans, je lui avais demandé la permission de prendre une semaine de congé pour partir avec ma femme. Il m'avait dit ok. J'ai réservé ma semaine et au dernier moment, il m'a dit non. Et c'est lui qui est parti en vacances.
Tout se paie dans la vie
Je me suis donc mis à mon compte. A la Locanda, c'était déjà moi qui fabriquais les pâtes. Je savais qu'il y avait de la demande. J'ai donc retiré l'argent de mon 2 ème pilier. Il n'y avait pas grand-chose: 6 ou 7'000 francs. J'ai trouvé un local près de la gare, c'était la toute première poste de Montreux. Des copains m'ont donné un coup de main. Ca m'a pris 3 mois pour tout refaire. J'ai acheté du matériel de cuisine à un bon prix, grâce à un ami, et je me suis lancé. J'ai mis une annonce dans un journal de la région, la seule en 26 ans.
Mon patron, lui, a dû vendre. Après mon départ, son restaurant a plongé. Il l'a cédé pour 220 000 francs. Par la suite, il est même venu me demander de l'argent, mais j'ai refusé. Il buvait et jouait aux cartes. Tout se paie dans la vie. Il a fini alcoolique et dans une chaise roulante. Aujourd'hui, il est mort.
Lorsque j'étais à l'hôpital, beaucoup de clients m'ont téléphoné pour prendre de mes nouvelles. C'est touchant comme on dit. L'autre jour, j'ai reçu un téléphone. Une voix m'a dit: «Passez-moi la personne qui s'occupe de la publicité». Je lui ai dit: «C'est les clients qui font la publicité. Et ils ne sont pas tous là...»
http://www.hebdo.ch/les-blogs/pirolt-sabine-r%C3%A9dacteur-lhebdo/jai-76-ans-et-je-travaille-7-jours-sur-7
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