Ebola : plus de 80 personnes sous surveillance à DallasQui est ce patient ? Pourquoi n'a-t-il pas été diagnostiqué plus tôt ? Combien de personnes a-t-il pu contaminer ? Le "Nouvel Observateur" fait le point.
Ebola : des véhicules de police sont postés devant le bâtiment dans lequel a résidé le malade Libérien, à Dallas, le 1er octobre 2014. (Tony Gutierrez/AP/SIPA)
Un premier cas de malade ayant contracté le virus Ebola en Afrique et présenté des symptômes à son arrivée sur le sol américain, a été diagnostiqué. Le patient a été hospitalisé au Texas Health Resources de Dallas. Ce cas inquiète les Etats-Unis car le patient, diagnostiqué tardivement, a pu entrer en contact avec plusieurs autres personnes.
Qui est ce patient ? Pourquoi n'a-t-il pas été diagnostiqué plus tôt ? Combien de personnes a-t-il pu contaminer ? Le "Nouvel Observateur" fait le point.
Qui est le malade ?
Le patient hospitalisé aux Etats-Unis est un Libérien, a indiqué mercredi à Monrovia un expert des Centres fédéraux américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), le Dr Tom Kenyon. Il s'appellerait Thomas Eric Duncan, selon les médias américains, et serait âgé d'une quarantaine d'années.
"A propos du Libérien hospitalisé au Texas, [...] ce n'est pas une erreur dans le processus de dépistage à l'aéroport", a assuré le Dr Kenyon, lors d'une conférence de presse à l'ambassade des Etats-Unis à Monrovia, soulignant que "ce monsieur n'avait pas symptômes d'Ebola pendant le vol".
"C'est une réalité de l'épidémie à laquelle nous faisons face", a-t-il souligné. Ce malade est le premier à faire l'objet d'un tel diagnostic hors d'Afrique et aux Etats-Unis.
Comment a-t-il été contaminé ?
Selon le "New York Times", le 15 septembre, à Monrovia, Thomas Eric Duncan est venu en aide à une jeune femme enceinte de sept mois, Marthalene Williams, âgée de 19 ans, qui avait la fièvre Ebola.
Faute de trouver une ambulance, des proches de la jeune femme et Thomas Duncan l'avaient transportée dans un taxi jusqu'à un hôpital où elle n'a pu être admise faute de place dans le service accueillant les personnes touchées par Ebola. Il a donc fallu ramener la jeune femme chez elle et Thomas Duncan aurait notamment aidé à la porter car elle était incapable de marcher. Elle est décédée dans les heures qui ont suivi. Quatre jours plus tard, Thomas Duncan prenait l'avion pour se rendre à Dallas.
Comment est-il traité ?
On sait peu de choses des soins réservés à ce patient. Il n'aurait pas reçu le traitement expérimental Zmapp pour le moment, selon un homme qui dit être son beau-frère, cité par ABC News. Son état est sérieux mais stable, selon les propos des responsables de l'hôpital.
A-t-il pu contaminer d'autres personnes sur le sol américain ?
Le cas est inquiétant car son infection par Ebola n'a été diagnostiquée que tardivement. Un équipe des CDC a été envoyée au Texas pour identifier tous les contacts qu'a pu avoir cet homme et les suivre pendant 21 jours", durée maximale d'incubation. 80 personnes, qui ont été en contact avec le patient, ont été placées sous surveillance dans la ville de Dallas.
Parmi elles, 12 à 18 personnes auraient eu un contact rapproché avec lui alors qu'il présentait des symptômes, et qu'il était donc contagieux. Ce sont principalement les membres de sa famille qui l’hébergeaient, des voisins dont 5 enfants qui n’ont pas le droit de se rendre dans leurs écoles respectives, ainsi que les trois ambulanciers qui l'ont transporté à l'hôpital le 28 septembre alors que le diagnostic n’avait pas encore été posé.
Parmi ces personnes, un proche du malade est suivi de près par les médecins, a indiqué le directeur des services de santé du comté de Dallas, Zachary Thompson. Il a expliqué sur une chaîne de télévision locale qu'il s'agissait "peut-être d'un autre cas d'Ebola". La famille du malade a pour ordre de rester chez elle et de ne recevoir personne. Les environs de son appartement est surveillé par la police
Pourquoi n'a-t-il pas été diagnostiqué plus tôt ?
L'hôpital, le Texas Health Resources, a admis avoir fait une erreur : sans symptôme depuis son arrivée à Dallas le 20 septembre, en provenance du Liberia, le patient a commencé à se sentir mal le 24 et s'est rendu aux urgences le 25 septembre au soir. Mais il a été renvoyé chez lui le jour même, avec un diagnostic "d'infection virale bénigne".
"Le patient a dit à l'infirmière chargée d'établir la fiche d'informations qu'il avait récemment voyagé en Afrique", a rapporté mercredi Dr Mark Lester, directeur général du Texas Health Resources.
Malheureusement cette information n'a pas été transmise à toute l'équipe soignante et n'a pas pu être prise en compte dans sa décision clinique", a-t-il ajouté.
Trois jours après, les symptômes s’étant majorés et son état s’étant aggravé, le malade retournait, en ambulance, à l'hôpital, où il a finalement été placé en quarantaine. Ses prélèvements sanguins sont arrivés le 30 septembre dans un laboratoire texan agréé par les Centres de contrôle et de prévention des maladies et un test réalisé le jour même a établi un diagnostic de fièvre Ebola.
Pour le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), ce patient aurait dû être traité comme un cas suspect d'infection par Ebola dès sa première visite à l'hôpital le 25 septembre.
Si le médecin du service d'urgence avait interrogé cette personne sur ses antécédents de voyage et que celle-ci lui avait dit revenir d'Afrique de l'ouest, cela aurait tiré une énorme sonnette d'alarme."
R.F. - Le Nouvel Observateur
http://tempsreel.nouvelobs.com/sante/20141002.OBS0962/ebola-ce-que-l-on-sait-du-premier-malade-diagnostique-aux-etats-unis.html