A où c’que les
Mascaréens y sont partis ?
d’Après Victor Hugo : Les victimes de la mer
Ô
Combien des makrods, combien de zlabillas,
On se les a bouffés après une
bonn’ loubia !
On buvait d’l’anisette avec plein de variantes,
Du Phénix
pour es juifs, pour les aut’l’Anis gras ;
Et puis, y’avait l’vin rouge qu’il
était de d’Mascara ;
Des fois, c’était l’couscous et le thé à la menthe ;
Combien des mascaréens y s’tapaient des merguez
Chez Boho Benarouss,
çuila qui gardait l’pèze !
Combien d’fois chez Lolo, d’la kémia on
mangeait,
Des escargots bouillis à la sauce espagnole,
Des cacahouettes
grillées ou des tramousses dans l’bol !
Ah ! Qu’cétait bon tout ça, que touss
y partageaient.
Et’ oilà qui c’étaient, ceux-là qui sebouffaient,
En
buvant d’la mahia l’samedi soir au café ?
Salomito Garson y jouait au Rami
,
Et y choisissait Pique ? sans l’valet ni le Neuf,
Contre Zouzou
l’coiffeur, çuilà qu’il était veuf
Et qui trichait toujours cont’son meilleur
ami.
Et y avait Manolo, l’marchand d’calentica,
Qui la vendait tout’chaude
sur la Place Gambetta.
Y avait le Muezin en haut de la mosquée,
Et le Rabi
Melloul, avec lui huit enfants d’cœur
Qui chantaient au mariage avec force
chaleur.
Ça, c’était Mascara que j’voulais espliquer.
Ah ! où c’que c’est
qu’ils sont, les uns et pis les autr’ ?
Y en a en Amérique, mais y sont bien
des nôtr’
Là où y a plein du froid et y plein du chaud.
Y en a qui sont en
France et qui lui téléphonent,
D’autres y lui écrivent des six coins d’
l’hexagone,
Pendant qu’au Michigan y s’bouffe des artichauts .
Robert
Garson – Portage Michigan – U.S.A