Les gendarmes, à côté de la caravane de la famille britannique, à Saint-Jorioz, en Haute-Savoie, le 6 septembre 2012
Dépêches Une fillette miraculée du massacre d'une famille britannique en Haute-Savoie
6 septembre 2012 à 13:20 Les enquêteurs tentaient jeudi de percer le
mystère du massacre d'une famille de vacanciers britanniques en
Haute-Savoie, visée par une fusillade ayant fait quatre morts qui a
épargné une fillette, retrouvée aux pieds de sa mère morte huit heures
après le drame.
Des gendarmes étaient postés dans la matinée
devant la caravane blanche de la famille, dans le camping de
Haute-Savoie "Le Solitaire du lac" où elle séjournait.
Le propriétaire du camping, situé au bord du lac d'Annecy, à Saint-Jorioz, interdisait l'accès aux journalistes.
Les
vacanciers rencontrés disaient tous leur stupeur: peu de choses ont
émergé dans un premier temps sur la famille, si ce n'est qu'elle était
composée d'un couple et de leurs deux fillettes, ainsi que de leur
grand-mère. La mère a été décrite par des témoins comme ayant la peau
mate et de longs cheveux noirs.
Seule l'identité du père a pu être
formellement établie dans un premier temps,sur la base de ses documents
d'identité laissés à la direction du camping. Il s'agit de Saad
al-Hilli, 50 ans, né à Bagdad et domicilié avec sa famille dans la
grande banlieue sud de Londres, à Claygate, dans la région du Surrey,
a-t-on appris de sources policières.
Scotland Yard interrogé à
Londres s'est refusé de son côté à tout commentaire, assurant "ne pas
être impliqué" dans cette affaire, pour laquelle toutes les pistes
restent ouvertes selon la police française.
"Compte tenu de ce que
l'on voit, il est certain que la piste criminelle est à mettre en numéro
un", a estimé le procureur de la République d'Annecy, Eric Maillaud,
jeudi matin. "
Après, toutes les pistes sont possibles, ça pourrait
être aussi dans l'absolu un drame familial, ce n'est pas à exclure",
a-t-il ajouté.
Le procureur devait donner une conférence de presse au palais de justice d'Annecy à 14H00.
Les
victimes ont été découvertes par un cycliste mercredi après-midi dans
leur BMW break, sur un parking forestier de la commune voisine de
Chevaline. Le père était à l'avant du véhicule, les deux femmes sur la
banquette arrière.
La fillette de quatre ans retrouvée indemne dans
la voiture familiale, vers minuit seulement soit huit heures après le
drame, a été placée sous protection des forces de l'ordre.
"Elle est
restée sous les corps, prostrée pendant près de huit heures et n'a pas
bougé pendant tout ce temps-là. On n'a pu la trouver qu'à partir du
moment où on a eu accès à la scène du crime", gelée jusqu'à l'arrivée
des neuf techniciens de l'Institut de recherche criminelle de la
gendarmerie nationale (IRCGN), venus de Paris, a expliqué le procureur,
pour justifier les longues heures passées avant d'ouvrir les portières
de la voiture.
La fillette serait restée cachée "sous les jambes de sa mère" morte pendant toute cette période, selon un enquêteur.
"La petite parlait en anglais. Elle a entendu des bruits, des cris mais
elle ne peut pas en dire plus, elle n'a que quatre ans", a précisé M.
Maillaud.
Âgée
de six ou sept ans, sa sœur aînée, transférée dans un état grave à
l'hôpital de Grenoble, est elle aussi sous haute surveillance. Ses jours
ne sont plus en danger.
Les médecins "envisagent qu'on puisse
l'entendre dans les prochains jours", selon le lieutenant-colonel Benoît
Vinnemann, qui commande la section de recherches de la gendarmerie de
Chambéry, en charge de l'enquête.
Le quatrième mort est un cycliste,
habitant d'une commune voisine, qui gisait mort à côté de la voiture,
non loin de la fillette grièvement
blessée.
Quand le témoin à vélo a découvert la scène de crime, le drame venait alors visiblement tout juste de se produire, le témoin
ayant
été dépassé un peu plus tôt sur la route par le cycliste retrouvé tué.
Les enquêteurs n'ont pas souhaité révéler si le témoin avait croisé le
véhicule du tueur. Celui-ci a été aperçu par plusieurs témoins, selon
les premiers éléments de l'enquête.
De nombreuses douilles ont d'ores
et déjà été retrouvées sur les lieux du crime, provenant d'une arme de
type pistolet automatique.
Les médias britanniques se sont emparés de
l'affaire dès mercredi soir, après la révélation que la plaque
d'immatriculation du véhicule était britannique. The Indépendant et le
Mirror évoquent l'hypothèse d'un braquage qui aurait mal tourné, tandis
que The Telegraph parle d'assassinats, des faits prémédités donc, par un
tueur soucieux de ne laisser aucun témoin derrière lui, des hypothèses
que les enquêteurs n'avancent pas pour l'heure.