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| | poésies choisies pour vous | |
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Auteur | Message |
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Vevette17 Énergéticienne quantique
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 9 Aoû - 22:33 | |
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| | | Adelette Graphiste
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Sam 22 Avr - 15:34 | |
| Titre : Un ange Poète : Antoine Fontaney (1803-1837) Recueil : Ballades, mélodies et poésies diverses (1829). Dans toutes les douleurs humaines Toujours avec nous de moitié, Quel instinct secret vers nos peines Guide ainsi ta tendre pitié ?
Dès ce jeune âge où l'existence Comprend à peine le malheur, D'où te vient cette expérience De toutes les vertus du cœur ?
N'es-tu qu'une simple mortelle ? N'as-tu rien en toi de divin ? Partout où l'on souffre on t'appelle, Et qui jamais t'appelle en vain ?
A nos larmes, dans nos prières, Nous sentons tes pleurs se mêler ; Et, plus que nous, de nos misères C'est toi qu'il faudrait consoler !
Que ta bienfaisance est aimable, Et que de grâce a ta bonté ! Tu voudrais rendre inépuisable Le trésor de ta charité.
Le Ciel devait te le permettre ; Mais quand tous tes heureux sont faits, Si tu n'as plus même à promettre, Tes refus sont d'autres bienfaits.
Antoine Fontaney. À découvrir sur le site https://www.poesie-francaise.fr/antoine-fontaney/poeme-un-ange.php |
| | | Adelette Graphiste
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Ven 3 Nov - 14:52 | |
| Titre : La prière Poète : Alphonse de Lamartine (1790-1869) Recueil : Méditations poétiques (1820). Le roi brillant du jour, se couchant dans sa gloire, Descend avec lenteur de son char de victoire. Le nuage éclatant qui le cache à nos yeux Conserve en sillons d'or sa trace dans les cieux, Et d'un reflet de pourpre inonde l'étendue. Comme une lampe d'or, dans l'azur suspendue, La lune se balance aux bords de l'horizon ; Ses rayons affaiblis dorment sur le gazon, Et le voile des nuits sur les monts se déplie : C'est l'heure où la nature, un moment recueillie, Entre la nuit qui tombe et le jour qui s'enfuit, S'élève au Créateur du jour et de la nuit, Et semble offrir à Dieu, dans son brillant langage, De la création le magnifique hommage. Voilà le sacrifice immense, universel ! L'univers est le temple, et la terre est l'autel ; Les cieux en sont le dôme : et ces astres sans nombre, Ces feux demi-voilés, pâle ornement de l'ombre, Dans la voûte d'azur avec ordre semés, Sont les sacrés flambeaux pour ce temple allumés : Et ces nuages purs qu'un jour mourant colore, Et qu'un souffle léger, du couchant à l'aurore, Dans les plaines de l'air, repliant mollement, Roule en flocons de pourpre aux bords du firmament, Sont les flots de l'encens qui monte et s'évapore Jusqu'au trône du Dieu que la nature adore. Mais ce temple est sans voix. Où sont les saints concerts ? D'où s'élèvera l'hymne au roi de l'univers ? Tout se tait : mon coeur seul parle dans ce silence. La voix de l'univers, c'est mon intelligence. Sur les rayons du soir, sur les ailes du vent, Elle s'élève à Dieu comme un parfum vivant ; Et, donnant un langage à toute créature, Prête pour l'adorer mon âme à la nature. Seul, invoquant ici son regard paternel, Je remplis le désert du nom de I'Eternel ; Et celui qui, du sein de sa gloire infinie, Des sphères qu'il ordonne écoute l'harmonie, Ecoute aussi la voix de mon humble raison, Qui contemple sa gloire et murmure son nom. Salut, principe et fin de toi-même et du monde, Toi qui rends d'un regard l'immensité féconde ; Ame de l'univers, Dieu, père, créateur, Sous tous ces noms divers je crois en toi, Seigneur ; Et, sans avoir besoin d'entendre ta parole, Je lis au front des cieux mon glorieux symbole. L'étendue à mes yeux révèle ta grandeur, La terre ta bonté, les astres ta splendeur. Tu t'es produit toi-même en ton brillant ouvrage ; L'univers tout entier réfléchit ton image, Et mon âme à son tour réfléchit l'univers. Ma pensée, embrassant tes attributs divers, Partout autour de soi te découvre et t'adore, Se contemple soi-même et t'y découvre encore Ainsi l'astre du jour éclate dans les cieux, Se réfléchit dans l'onde et se peint à mes yeux. C'est peu de croire en toi, bonté, beauté suprême ; Je te cherche partout, j'aspire à toi, je t'aime ; Mon âme est un rayon de lumière et d'amour Qui, du foyer divin, détaché pour un jour, De désirs dévorants loin de toi consumée, Brûle de remonter à sa source enflammée. Je respire, je sens, je pense, j'aime en toi. Ce monde qui te cache est transparent pour moi ; C'est toi que je découvre au fond de la nature, C'est toi que je bénis dans toute créature. Pour m'approcher de toi, j'ai fui dans ces déserts ; Là, quand l'aube, agitant son voile dans les airs, Entr'ouvre l'horizon qu'un jour naissant colore, Et sème sur les monts les perles de l'aurore, Pour moi c'est ton regard qui, du divin séjour, S'entr'ouvre sur le monde et lui répand le jour : Quand l'astre à son midi, suspendant sa carrière, M'inonde de chaleur, de vie et de lumière, Dans ses puissants rayons, qui raniment mes sens, Seigneur, c'est ta vertu, ton souffle que je sens ; Et quand la nuit, guidant son cortège d'étoiles, Sur le monde endormi jette ses sombres voiles, Seul, au sein du désert et de l'obscurité, Méditant de la nuit la douce majesté, Enveloppé de calme, et d'ombre, et de silence, Mon âme, de plus près, adore ta présence ; D'un jour intérieur je me sens éclairer, Et j'entends une voix qui me dit d'espérer. Oui, j'espère, Seigneur, en ta magnificence : Partout à pleines mains prodiguant l'existence, Tu n'auras pas borné le nombre de mes jours A ces jours d'ici-bas, si troublés et si courts. Je te vois en tous lieux conserver et produire ; Celui qui peut créer dédaigne de détruire. Témoin de ta puissance et sûr de ta bonté J'attends le jour sans fin de l'immortalité. La mort m'entoure en vain de ses ombres funèbres, Ma raison voit le jour à travers ces ténèbres. C'est le dernier degré qui m'approche de toi, C'est le voile qui tombe entre ta face et moi. Hâte pour moi, Seigneur, ce moment que j'implore ; Ou, si, dans tes secrets tu le retiens encore, Entends du haut du ciel le cri de mes besoins ; L'atome et l'univers sont l'objet de tes soins, Des dons de ta bonté soutiens mon indigence, Nourris mon corps de pain, mon âme d'espérance ; Réchauffe d'un regard de tes yeux tout-puissants Mon esprit éclipsé par l'ombre de mes sens Et, comme le soleil aspire la rosée, Dans ton sein, à jamais, absorbe ma pensée.
Alphonse de Lamartine. À découvrir sur le site https://www.poesie-francaise.fr/alphonse-de-lamartine/poeme-la-priere.php |
| | | Adelette Graphiste
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 6 Nov - 10:57 | |
| Titre : Consolation Poète : Alphonse de Lamartine (1790-1869) Recueil : Nouvelles méditations poétiques (1823). Quand le Dieu qui me frappe, attendri par mes larmes, De mon coeur oppressé soulève un peu sa main, Et, donnant quelque trêve à mes longues alarmes, Laisse tarir mes yeux et respirer mon sein ;
Soudain, comme le flot refoulé du rivage Aux bords qui l'ont brisé revient en gémissant, Ou comme le roseau, vain jouet de l'orage, Qui plie et rebondit sous la main du passant,
Mon coeur revient à Dieu, plus docile et plus tendre, Et de ses châtiments perdant le souvenir, Comme un enfant soumis n'ose lui faire entendre Qu'un murmure amoureux pour se plaindre et bénir !
Que le deuil de mon âme était lugubre et sombre ! Que de nuits sans pavots, que de jours sans soleil ! Que de fois j'ai compté les pas du temps dans l'ombre, Quand les heures passaient sans mener le sommeil !
Mais loin de moi ces temps ! que l'oubli les dévore ! Ce qui n'est plus pour l'homme a-t-il jamais été ? Quelques jours sont perdus ; mais le bonheur encore, Peut fleurir sous mes yeux comme une fleur d'été !
Tous les jours sont à toi ! que t'importe leur nombre ? Tu dis : le temps se hâte, ou revient sur ses pas ; Eh ! n'es-tu pas celui qui fit reculer l'ombre Sur le cadran rempli d'un roi que tu sauvas ?
Si tu voulais ! ainsi le torrent de ma vie, À sa source aujourd'hui remontant sans efforts, Nourrirait de nouveau ma jeunesse tarie, Et de ses flots vermeils féconderait ses bords ;
Ces cheveux dont la neige, hélas ! argente à peine Un front où la douleur a gravé le passé, S'ombrageraient encor de leur touffe d'ébène, Aussi pur que la vague où le cygne a passé !
L'amour ranimerait l'éclat de ces prunelles, Et ce foyer du coeur, dans les yeux répété, Lancerait de nouveau ces chastes étincelles Qui d'un désir craintif font rougir la beauté !
Dieu ! laissez-moi cueillir cette palme féconde, Et dans mon sein ravi l'emporter pour toujours, Ainsi que le torrent emporte dans son onde Les roses de Saron qui parfument son cours !
Quand pourrai-je la voir sur l'enfant qui repose S'incliner doucement dans le calme des nuits ? Quand verrai-je ses fils de leurs lèvres de rose Se suspendre à son sein comme l'abeille aux lis !
A l'ombre du figuier, près du courant de l'onde, Loin de l'oeil de l'envie et des pas du pervers, Je bâtirai pour eux un nid parmi le monde, Comme sur un écueil l'hirondelle des mers !
Là, sans les abreuver à ces sources amères Où l'humaine sagesse a mêlé son poison, De ma bouche fidèle aux leçons de mes pères, Pour unique sagesse ils apprendront ton nom !
Là je leur laisserai, pour unique héritage, Tout ce qu'à ses petits laisse l'oiseau du ciel, L'eau pure du torrent, un nid sous le feuillage, Les fruits tombés de l'arbre, et ma place au soleil !
Alors, le front chargé de guirlandes fanées, Tel qu'un vieux olivier parmi ses rejetons, Je verrai de mes fils les brillantes années Cacher mon tronc flétri sous leurs jeunes festons !
Alors j'entonnerai l'hymne de ma vieillesse, Et, convive enivré des vins de ta bonté, Je passerai la coupe aux mains de la jeunesse, Et je m'endormirai dans ma félicité !
Alphonse de Lamartine. À découvrir sur le site https://www.poesie-francaise.fr/alphonse-de-lamartine/poeme-consolation.php |
| | | Adelette Graphiste
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mar 7 Nov - 20:57 | |
| Titre : Désir Poète : Alphonse de Lamartine (1790-1869) Recueil : Harmonies poétiques et religieuses (1830). Ah ! si j'avais des paroles, Des images, des symboles, Pour peindre ce que je sens ! Si ma langue, embarrassée Pour révéler ma pensée, Pouvait créer des accents !
Loi sainte et mystérieuse ! Une âme mélodieuse Anime tout l'univers ; Chaque être a son harmonie, Chaque étoile son génie, Chaque élément ses concerts.
Ils n'ont qu'une voix, mais pure, Forte comme la nature, Sublime comme son Dieu ; Et, quoique toujours la même, Seigneur, cette voix suprême Se fait entendre en tout lieu.
Quand les vents sifflent sur l'onde, Quand la mer gémit ou gronde, Quand la foudre retentit, Tout ignorants que nous sommes, Qui de nous, enfants des hommes, Demande ce qu'ils ont dit ?
L'un a dit : « Magnificence ! » L'autre : « Immensité ! puissance ! » L'autre : « Terreur et courroux ! » L'un a fui devant sa face, L'autre a dit : « Son ombre passe : Cieux et terre, taisez-vous ! »
Mais l'homme, ta créature, Lui qui comprend la nature, Pour parler n'a que des mots, Des mots sans vie et sans aile, De sa pensée immortelle Trop périssables échos !
Son âme est comme l'orage Qui gronde dans le nuage Et qui ne peut éclater, Comme la vague captive Qui bat et blanchit sa rive Et ne peut la surmonter.
Elle s'use et se consume Comme un aiglon dont la plume N'aurait pas encor grandi, Dont l'œil aspire à sa sphère, Et qui rampe sur la terre Comme un reptile engourdi.
Ah ! ce qu'aux anges j'envie N'est pas l'éternelle vie, Ni leur glorieux destin : C'est la lyre, c'est l'organe Par qui même un cœur profane Peut chanter l'hymne sans fin !
Quelque chose en moi soupire, Aussi doux que le zéphyr Que la nuit laisse exhaler, Aussi sublime que l'onde, Ou que la foudre qui gronde ; Et mon cœur ne peut parler !
Océan, qui sur tes rives Épands tes vagues plaintives, Rameaux murmurants des bois, Foudre dont la nue est pleine, Ruisseaux à la molle haleine, Ah ! si j'avais votre voix !
Si seulement, ô mon âme, Ce Dieu dont l'amour t'enflamme Comme le feu, l'aquilon, Au zèle ardent qui t'embrase Accordait, dans une extase, Un mot pour dire son nom !
Son nom, tel que la nature Sans parole le murmure, Tel que le savent les deux ; Ce nom que J'aurore voile, Et dont l'étoile à l'étoile Est l'écho mélodieux ;
Les ouragans, le tonnerre, Les mers, les feux et la terre, Se tairaient pour l'écouter ; Les airs, ravis de l'entendre, S'arrêteraient pour l'apprendre, Les deux pour le répéter.
Ce nom seul, redit sans cesse, Soulèverait ma tristesse Dans ce vallon de douleurs ; Et je dirais sans me plaindre : « Mon dernier jour peut s'éteindre, J'ai dit sa gloire, et je meurs ! »
Alphonse de Lamartine. À découvrir sur le site https://www.poesie-francaise.fr/alphonse-de-lamartine/poeme-desir.php |
| | | Adelette Graphiste
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mer 8 Nov - 21:16 | |
| Titre : Hymne au soleil Poète : Alphonse de Lamartine (1790-1869) Recueil : Méditations poétiques (1820). Vous avez pris pitié de sa longue douleur ! Vous me rendez le jour, Dieu que l'amour implore ! Déjà mon front couvert d'une molle pâleur, Des teintes de la vie à ses yeux se colore ; Déjà dans tout mon être une douce chaleur Circule avec mon sang, remonte dans mon coeur Je renais pour aimer encore !
Mais la nature aussi se réveille en ce jour ! Au doux soleil de mai nous la voyons renaître ; Les oiseaux de Vénus autour de ma fenêtre Du plus chéri des mois proclament le retour ! Guidez mes premiers pas dans nos vertes campagnes ! Conduis-moi, chère Elvire, et soutiens ton amant : Je veux voir le soleil s'élever lentement, Précipiter son char du haut de nos montagnes, Jusqu'à l'heure où dans l'onde il ira s'engloutir, Et cédera les airs au nocturne zéphyr ! Viens ! que crains-tu pour moi ? Le ciel est sans nuage ! Ce plus beau de nos jours passera sans orage ; Et c'est l'heure où déjà sur les gazons en fleurs Dorment près des troupeaux les paisibles pasteurs !
Dieu ! que les airs sont doux ! que la lumière est pure ! Tu règnes en vainqueur sur toute la nature, Ô soleil ! et des cieux, où ton char est porté, Tu lui verses la vie et la fécondité ! Le jour où, séparant la nuit de la lumière, L'éternel te lança dans ta vaste carrière, L'univers tout entier te reconnut pour roi ! Et l'homme, en t'adorant, s'inclina devant toi ! De ce jour, poursuivant ta carrière enflammée, Tu décris sans repos ta route accoutumée ; L'éclat de tes rayons ne s'est point affaibli, Et sous la main des temps ton front n'a point pâli !
Quand la voix du matin vient réveiller l'aurore, L'Indien, prosterné, te bénit et t'adore ! Et moi, quand le midi de ses feux bienfaisants Ranime par degrés mes membres languissants, Il me semble qu'un Dieu, dans tes rayons de flamme, En échauffant mon sein, pénètre dans mon âme ! Et je sens de ses fers mon esprit détaché, Comme si du Très-Haut le bras m'avait touché ! Mais ton sublime auteur défend-il de le croire ? N'es-tu point, ô soleil ! un rayon de sa gloire ? Quand tu vas mesurant l'immensité des cieux, Ô soleil ! n'es-tu point un regard de ses yeux ?
Ah ! si j'ai quelquefois, aux jours de l'infortune, Blasphémé du soleil la lumière importune ; Si j'ai maudit les dons que j'ai reçus de toi, Dieu, qui lis dans les coeurs, ô Dieu ! pardonne-moi ! Je n'avais pas goûté la volupté suprême De revoir la nature auprès de ce que j'aime, De sentir dans mon coeur, aux rayons d'un beau jour, Redescendre à la fois et la vie et l'amour ! Insensé ! j'ignorais tout le prix de la vie ! Mais ce jour me l'apprend, et je te glorifie !
Alphonse de Lamartine. À découvrir sur le site https://www.poesie-francaise.fr/alphonse-de-lamartine/poeme-hymne-au-soleil.php |
| | | Adelette Graphiste
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 20 Nov - 10:11 | |
| Titre : Le cri de l'âme Poète : Alphonse de Lamartine (1790-1869) Recueil : Harmonies poétiques et religieuses (1830). Quand le souffle divin qui flotte sur le monde S'arrête sur mon âme ouverte au moindre vent, Et la fait tout à coup frissonner comme une onde Où le cygne s'abat dans un cercle mouvant !
Quand mon regard se plonge au rayonnant abîme, Où luisent ces trésors du riche firmament, Ces perles de la nuit que son souffle ranime, Des sentiers du Seigneur innombrable ornement !
Quand d'un ciel de printemps l'aurore qui ruisselle Se brise et rejaillit en gerbes de chaleur, Que chaque atome d'air roule son étincelle, Et que tout sous mes pas devient lumière ou fleur !
Quand tout chante ou gazouille, ou roucoule ou bourdonne, Que d'immortalité tout semble se nourrir, Et que l'homme, ébloui de cet air qui rayonne, Croit qu'un jour si vivant ne pourra plus mourir !
Quand je roule en mon sein mille pensers sublimes, Et que mon faible esprit, ne pouvant les porter, S'arrête en frissonnant sur les derniers abîmes, Et, faute d'un appui, va s'y précipiter !
Quand, dans le ciel d'amour où mon âme est ravie, Je presse sur mon coeur un fantôme adoré, Et que je cherche en vain des paroles de vie Pour l'embraser du feu dont je suis dévoré !
Quand je sens qu'un soupir de mon âme oppressée Pourrait créer un monde en son brûlant essor, Que ma vie userait le temps, que ma pensée En remplissant le ciel déborderait encor !
Jéhova ! Jéhova ! ton nom seul me soulage ! Il est le seul écho qui réponde à mon coeur ! Ou plutôt ces élans, ces transports, sans langage, Sont eux-mêmes un écho de ta propre grandeur !
Tu ne dors pas souvent dans mon sein, nom sublime ! Tu ne dors pas souvent sur mes lèvres de feu : Mais chaque impression t'y trouve et t'y ranime, Et le cri de mon âme est toujours toi, mon Dieu !
Alphonse de Lamartine. À découvrir sur le site https://www.poesie-francaise.fr/alphonse-de-lamartine/poeme-le-cri-de-l-ame.php |
| | | Adelette Graphiste
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mar 21 Nov - 10:20 | |
| Titre : L'absence Poète : Pierre de Ronsard (1524-1585) Recueil : Amours diverses (1578). Ce me sera plaisir, Genèvre, de t'écrire, Étant absent de toi, mon amoureux martyre... J'ai certes éprouvé par mainte expérience, Que l'amour se renforce et s'augmente en l'absence,
Ou soit en rêvassant le plaisant souvenir, Ainsi que d'un appât la vienne entretenir, Ou soit les portraits des liesses passées S'impriment dans l'esprit de nouveau ramassées ;
Soit que l'âme ait regret au bien qu'elle a perdu, Soit que le vide corps plus plein se soit rendu, Soit que la volupté soit trop tôt périssable,
Soit que le souvenir d'elle soit plus durable. Bref, je ne sais que c'est ; mais certes je sais bien Que j'aime mieux absent qu'étant près de mon bien...
Pierre de Ronsard. À découvrir sur le site https://www.poesie-francaise.fr/pierre-de-ronsard/poeme-labsence.php |
| | | Adelette Graphiste
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Jeu 23 Nov - 10:01 | |
| Titre : Amour, Amour, donne-moi paix ou trêve Poète : Pierre de Ronsard (1524-1585) Recueil : Poésies diverses (1587). Amour, Amour, donne-moi paix ou trêve, Ou bien retire, et d'un garrot plus fort Tranche ma vie et m'avance la mort : Douce est la mort qui vient subite et brève.
Soit que le jour ou se couche ou se lève, Je sens toujours un penser qui me mord, Et malheureux en si heureux effort, Me fait la guerre et mes peine rengrèvent (1).
Que dois-je faire ? Amour me fait errer Si hautement, que je n'ose espérer De mon salut que la désespérance.
Puis qu'Amour donc ne me veut secourir, Pour me défende il me plaît de mourir, Et par la mort trouver ma délivrance.
1. Rengrève signifie s'aggrave.
Pierre de Ronsard. À découvrir sur le site https://www.poesie-francaise.fr/pierre-de-ronsard/poeme-amour-amour-donne-moi-paix-ou-treve.php |
| | | Adelette Graphiste
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Sam 25 Nov - 10:55 | |
| Titre : Bonjour mon coeur Poète : Pierre de Ronsard (1524-1585) Recueil : Le second livre des Amours (1556). Bonjour mon coeur, bonjour ma douce vie. Bonjour mon oeil, bonjour ma chère amie, Hé ! bonjour ma toute belle, Ma mignardise, bonjour, Mes délices, mon amour, Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle, Mon doux plaisir, ma douce colombelle, Mon passereau, ma gente tourterelle, Bonjour, ma douce rebelle.
Hé ! faudra-t-il que quelqu'un me reproche Que j'aie vers toi le coeur plus dur que roche De t'avoir laissée, maîtresse, Pour aller suivre le Roi, Mendiant je ne sais quoi Que le vulgaire appelle une largesse ? Plutôt périsse honneur, court, et richesse, Que pour les biens jamais je te relaisse, Ma douce et belle déesse.
Pierre de Ronsard. À découvrir sur le site https://www.poesie-francaise.fr/pierre-de-ronsard/poeme-bonjour-mon-coeur.php |
| | | Adelette Graphiste
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 4 Déc - 9:38 | |
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| | | Adelette Graphiste
Messages : 5144 Age : 77
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mar 5 Déc - 10:11 | |
| Le courage . La peur, tu as vaincue, Et la force d’agir ne t’a pas déplu. . Continue tête haute en marche dans la vie ; Où et partout, et que l’on t’envie. Une vue de face vers tes écorchures ; Rêve s’il le faut et mets haute la clôture. Avec audace, exerce-toi de temps en temps. Garde bien le rythme et poursuit l’entraînement. Et, sois en bien assuré, tu y trouveras l’agrément. . Colette |
| | | Adelette Graphiste
Messages : 5144 Age : 77
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Sam 9 Déc - 9:36 | |
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| | | Adelette Graphiste
Messages : 5144 Age : 77
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Dim 10 Déc - 11:11 | |
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| | | Adelette Graphiste
Messages : 5144 Age : 77
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Dim 31 Déc - 10:42 | |
| Le matin des étrennes
Ah ! Quel beau matin, que ce matin des étrennes ! Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes Dans quel songe étrange où l’on voyait joujoux, Bonbons habillés d’or, étincelants bijoux, Tourbillonner, danser une danse sonore, Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore ! On s’éveillait matin, on se levait joyeux, La lèvre affriandée, en se frottant les yeux … On allait, les cheveux emmêlés sur la tête, Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête, Et les petits pieds nus effleurant le plancher, Aux portes des parents tout doucement toucher … On entrait ! …puis alors les souhaits … en chemise, Les baisers répétés, et la gaieté permise !
Arthur Rimbaud (1854-1891) |
| | | Colombine Administrateur
Messages : 122410 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 1 Jan - 12:05 | |
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| | | Adelette Graphiste
Messages : 5144 Age : 77
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mar 2 Jan - 12:02 | |
| Le premier jour de l’an
Les sept jours frappent à la porte. Chacun d’eux vous dit : lève-toi ! Soufflant le chaud, soufflant le froid, Soufflant des temps de toutes sortes, Quatre saisons et leur escorte Se partagent les douze mois. Au bout de l’an, le vieux portier Ouvre toute grande la porte Et d’une voix beaucoup plus forte Crie à tous vents : Premier Janvier !
Pierre Menanteau (1895-1992) |
| | | Mylène
Messages : 1479 Age : 73 Localisation : Haut de France
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Mar 2 Jan - 15:00 | |
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| | | Adelette Graphiste
Messages : 5144 Age : 77
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 15 Jan - 10:35 | |
| Titre : Demain Poète : Évariste de Parny (1753-1814) Recueil : Poésies érotiques (1778). À Euphrosine.
Vous m'amusez par des caresses, Vous promettez incessamment, Et le Zéphir, en se jouant, Emporte vos vaines promesses. Demain, dites-vous tous les jours ; Je suis chez vous avant l'aurore ; Mais volant à votre secours La pudeur chasse les amours ; Demain, répétez-vous encore.
Rendez grâce au Dieux bienfaisant Qui vous donna jusqu'à présent L'art d'être tous les jours nouvelle ; Mais le temps, du bout de son aile, Touchera vos traits en passant ; Dès Demain vous serez moins belle ; Et moi peut-être moins pressant.
Évariste de Parny. À découvrir sur le site https://www.poesie-francaise.fr/evariste-de-parny/poeme-demain.php |
| | | Mylène
Messages : 1479 Age : 73 Localisation : Haut de France
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 15 Jan - 15:19 | |
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| | | Adelette Graphiste
Messages : 5144 Age : 77
| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Dim 28 Jan - 12:13 | |
| La Lyre égarée Amable TASTU Les cordes de la lyre ont oublié mes doigts. ANDRÉ CHÉNIER.
Vierges du Pinde, où cachez-vous ma Lyre ? L’ai-je égarée aux bosquets que j’aimais ? De son destin ne sauriez-vous m’instruire ? M’est-elle donc enlevée à jamais ?
Pour la trouver, de la double colline Mes tristes pas deux fois ont fait le tour ; Mais vainement, filles de Mnémosyne, J’ai parcouru votre riant séjour.
Voici les lieux chers à ma rêverie, Voici les prés dont j’ai chanté les fleurs, Les marbres saints, l’autel de la patrie, Que tant de fois j’ai mouillé de mes pleurs.
Et cependant je ne vois rien encore ; De toutes parts je jette en vain les yeux ; J’éveille en vain dans sa grotte sonore L’écho sacré des bois religieux.
Ma Lyre, hélas ! si tu n’es pas brisée, Si tu peux fuir les pas du voyageur, Dans les gazons la nocturne rosée A tes accens ravira leur douceur.
Un jour peut-être, à mes désirs rendue, D’un poids rouet tu chargeras mes mains ; Et moi, pleurant ta puissance perdue, Du mont sacré j’oublîrai les chemins.
Vierges du Pinde, où cachez-vous ma Lyre ? Elle n’est point aux sentiers que j’aimais. De son destin ne sauriez-vous m’instruire ? M’est-elle donc enlevée à jamais ?… |
| | | Adelette Graphiste
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous Lun 29 Jan - 11:17 | |
| Louis-Honoré FRÉCHETTE Recueil : "Les Oiseaux de neige" C’est le dernier soupir d’un monde agonisant. Venez voir ces débris des antiques peuplades, Anciens rois du désert, terribles ancelades Ecrasés sous le poids des choses d’à présent.
Arrêtons-nous ici, non loin de ces cascades. Regardez ce hameau qui n’a rien d’imposant. C’est là… Dire qu’on peut visiter en causant Ces lieux témoins de tant de fauves embuscades…
Est-ce notre regard ou l’histoire qui ment ? Qu’êtes-vous devenus, guerriers roux des prairies, Farouches Iroquois ? ― O désappointement !
Sans même recourir aux moindres jongleries, Le chef de la tribu, marchand d’épiceries, Avec l’accent anglais nous parle bas-normand.
(1881) |
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| Sujet: Re: poésies choisies pour vous | |
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