UN POLICIER REPOSE
(Aux orphelins de policiers)
Un policier repose, revolver au côté.
Ses yeux fixent le ciel aux nuages de poudre.
Un policier repose, un trou à son côté,
Tel un arbre meurtri, terrassé par la foudre.
Que de lambeaux de deuil au roncier de la Vie !
L'impassible Destin s'abouche avec les Parques
Et le passeur lugubre mène en la triste barque
Le spectre de celui qu'aux siens on a ravi.
Le rosier a des fleurs mais aussi des épines.
L'homicide jouit du fruit de ses rapines.
Si notre Terre aveugle se refuse à punir,
Il ne restera plus au Ciel qu'à en finir.
Il faut savoir subir la Ténébreuse Nuit
Où l'Etre Squelettique fouette ses noirs coursiers.
Car malgré la distance et son air émacié
Il est en quelque part une Etoile qui luit.
Un policier repose, imposant le respect.
Drapée de dignité, encadrée de discours,
La famille, vidée, ne crie plus au secours.
Ci-gît un policier sur l'autel de la Paix.