MAL D'AMOUR
Satan conduit le bal, le bal des mal-aimés.
J'adopte le faciès du soudard en conquête.
Les accords déchirants qui me tournent la tête
Ajoutent au frisson de tes seins animés.
Je rêve que tu veux bien me laisser te toucher ;
Mais, belle sans pitié, tu écartes ma main.
Et si, heureux hasard, la trompette bouchée
Fait rencontrer nos fronts : tu t'enfuis. A demain !
Cupidon se démène. Orphée remue l'enfer.
Hercule, déchaîné, lutte contre les dieux.
Et tandis qu'en mon corps, brûlant, Bacchus s'affaire,
Zeus lance des éclairs à travers tes grands yeux.
Que de lambeaux de deuil au roncier de la vie !
L'impassible Destin s'amuse avec les Parques
Et le passeur lugubre mène en la triste barque
Un fantôme docile à l'air presque ravi.
Il faut savoir subir la ténébreuse nuit
Où l'être squelettique fouette ses noirs coursiers ;
Car malgré la distance et son air émacié,
Fidèle au rendez-vous, la Bonne Etoile luit...