Un éminent astrophysicien convaincu qu’une sonde extraterrestre a frôlé la TerreIMAGE NASA/ESA/STSCLCette illustration montre Oumuamua.(Washington) C’est un pavé, lancé dans la mare intersidérale, qui crée beaucoup de remous : un astrophysicien respecté de Harvard affirme qu’« Oumuamua », un objet interstellaire passé près de la Terre en 2017, était un véhicule extraterrestre.
Publié le 5 février 2021 à 14h27Partager
ISSAM AHMED
AGENCE FRANCE-PRESSE
« Penser que nous sommes uniques, seuls et privilégiés est arrogant », explique à l’AFP Avi Loeb, ancien directeur du département d’astronomie de l’université de Harvard.
« L’approche la plus sensée est d’être modeste et de dire : “Nous ne sommes pas spéciaux, il y a plein d’autres civilisations dans l’univers et nous devons simplement les trouver” », insiste-t-il.
L’astrophysicien de 58 ans détaille sa théorie dans un nouveau livre, baptisé « Extraterrestre. Le premier signe d’une vie intelligente », paru fin janvier.
Pour ce spécialiste des trous noirs, le conservatisme et le manque d’imagination de la communauté scientifique l’empêchent de saisir l’évidence.
Objet interstellaireRepéré par le télescope Pan-STARRS1 à Hawaï, Oumuamua – « messager » en hawaïen – a traversé notre système solaire en octobre 2017. Sa vitesse était si élevée qu’il ne pouvait provenir que d’une étoile distante. C’est le premier objet détecté venant d’un autre système stellaire.
Après une analyse plus fine des données, des chercheurs ont trouvé que l’objet avait subi une poussée et s’était écarté légèrement de la trajectoire qu’il aurait dû suivre s’il était seulement influencé par la gravité du Soleil et des planètes.
Ce mouvement pourrait s’expliquer de manière simple si Oumuamua avait été une comète, émanant des gaz et des débris à même de provoquer de minuscules variations de trajectoire. Mais un tel dégazage n’a pas été observé.
Oumuamua s’est aussi démarqué par sa brillance et la grande variation de sa luminosité, ce qui semblait suggérer un aspect métallique.
Pour expliquer ces différentes anomalies, les astronomes ont dû inventer de nouvelles théories. L’objet pourrait être constitué uniquement de glace d’hydrogène, ce qui expliquerait qu’une traînée de gaz n’ait pas été détectée. Autre explication : il se serait désintégré dans un nuage de poussière.
« Ces idées imaginées pour expliquer certaines caractéristiques spécifiques d’Oumuamua impliquent toujours un phénomène qui n’a jamais été observé auparavant », explique M. Loeb.
« Alors, pourquoi pas considérer une origine artificielle » ? assène-t-il.
Voile solaireIl n’existe pas de photo d’Oumuamua. Les scientifiques n’ont appris son existence qu’au moment où il sortait de notre système solaire.
Deux formes peuvent correspondre aux différentes particularités détectées chez l’objet : celle d’un cigare, long et effilé, ou d’une crêpe ronde et extrêmement fine.
Les modélisations numériques penchent vers la seconde et Avi Loeb est persuadé qu’Oumuamua a été conçu comme une « voile solaire », propulsée par le rayonnement des étoiles.
Un autre élément étrange pour le chercheur américano-israélien réside dans la façon dont l’objet s’est déplacé.
Avant qu’Oumuamua n’interagisse avec notre Soleil, il était dans une « immobilité relative » par rapport aux étoiles environnantes, ce qui est rare. Plutôt que de l’envisager comme un vaisseau avançant dans l’espace, il faudrait plutôt renverser la perspective, détaille M. Loeb.
« Oumuamua était planté comme une balise dans l’océan du cosmos et notre système solaire serait venu la frôler à haute vitesse, comme un navire dans la brume », écrit-il dans son ouvrage.
Il s’agirait pour l’expert, d’une sorte de système d’alerte, comme un fil tendu par une civilisation extraterrestre, attendant d’être déclenché.
Archéologie de l’espaceLes thèses peu orthodoxes d’Avi Loeb ont été vivement critiquées par la communauté scientifique.
« Plutôt que de répondre à leurs objections scientifiques, il a complètement arrêté d’écouter les autres astronomes », préférant que le grand public soit le juge de sa théorie, a dénoncé l’astrophysicien américain Ethan Siegel dans la revue Forbes.
M. Loeb qui évoque à de nombreuses reprises Galilée dans son livre, savant emprisonné au XVIIe siècle pour avoir affirmé que la Terre tournait autour du Soleil, critique de son côté « une culture de l’intimidation » académique.
La recherche des signes d’une vie extraterrestre relève davantage du bon sens que l’étude de la matière noire ou d’univers multiples, assure-t-il.
Il souhaite ainsi la création d’une nouvelle branche de l’astronomie, l’archéologie de l’espace, dédiée à la quête des traces biologiques et technologiques des civilisations extraterrestres.
« Si nous trouvons des preuves de technologies qui ont mis des millions d’années à être développées, nous pouvons alors trouver un raccourci vers (elles), et les utiliser sur Terre », note avec espoir Avi Loeb.
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