Lorsque l’on pense aux volcans, on s’imagine ces feux d’artifice naturels et ces coulées de lave bouillante. Mais c’est au contraire le refroidissement provoqué par l’éruption qui fait débat dans le milieu scientifique.
On a tous en mémoire l’éruption de l’imprononçable Eyjafjallajökull en 2010. Les quantités de soufre expulsées, transformées en aérosols, avaient immobilisé le trafic aérien en Europe. Ce que l’on sait moins, c’est qu’elles avaient également bloqué une partie importante des rayons solaires. Conséquence: une baisse de la température du globe.
Avant l’étude publiée dans la revue Nature Geoscience, deux méthodes existaient pour mesurer cette baisse. Problème: les résultats étaient contradictoires. Il y avait d’une part les simulations numériques et de l’autre, la dendroclimatologie, qui analyse les cernes des arbres, sensibles aux changements de température. D’une méthode à l’autre, le refroidissement estimé variait de deux à quatre fois.
Aujourd’hui, des chiffres précis ont enfin pu voir le jour, grâce à une approche pluridisciplinaire menée par l’Université de Genève et les Français de l’Institut de recherche pour le développement, du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), et du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA).
De leur côté, les dendrochronologues ont beaucoup voyagé, de la Scandinavie à la Sibérie en passant par les Alpes et l’Alaska, pour analyser les cernes des arbres. Cela leur a permis de remonter dans le temps et reconstituer les températures estivales de l’hémisphère nord de ces 1500 dernières années. Les résultats montrent un net refroidissement, qui ne dure toutefois pas plus de deux ou trois ans.
Les physiciens du climat ont, eux, étudié les deux plus grandes éruptions du dernier millénaire: celles du Samalas et du Tambora, survenues en Indonésie en 1257 et en 1815. Grâce à des simulations complexes, ils ont démontré qu’elles avaient provoqué une baisse de température de 0,8 à 1,3 degré. «Cette approche inhabituelle permet de simuler de façon réaliste la taille des particules d’aérosols volcaniques et leur espérance de vie dans l’atmosphère, ce qui conditionne directement l’ampleur et la persistance du refroidissement provoqué par l’éruption», explique Markus Stoffel, chercheur à l’Université de Genève.
Pour la première fois, les deux mesures convergent, offrant comme perspective de mieux comprendre le rôle du volcanisme dans l’évolution du climat.
(Créé: 31.08.2015, 18h48)
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