Les autorités pakistanaises ont commencé jeudi à évacuer un demi-million de personnes vivant sur les rives de l'Indus dans le sud du pays pour les protéger d'une crue imminente, tandis que de nouvelles pluies de mousson venaient encore gonfler les eaux du fleuve et d'autres cours d'eau de la province du Sind. Les inondations ont déjà tué au moins 1.500 habitants en une semaine, dans le nord-ouest du pays pour la plupart, et fait plus de quatre millions de sinistrés.
Les eaux ont englouti des maisons mais elles ont aussi englouti des routes et détruit des ponts, coupant de nombreux villages du reste du monde. Les Nations unies estiment qu'au moins 4,2 millions de personnes étaient sinistrées, pour beaucoup dans le Penjab (est), et que les risques d'épidémie étaient inquiétants.
"Nous sommes confrontés à une catastrophe de dimension majeure", soulignait Manuel Bessler, du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). "Des zones entières sont isolées et uniquement accessibles par les airs", rapportait-il, ajoutant que les sinistrés se sentaient "abandonnés".
Après avoir dévasté le nord-ouest, les inondations menaçaient jeudi le Sind, province du sud du pays. L'Indus, qui prend sa source dans l'Himalaya pour se jeter dans la mer d'Oman, risque de quitter son lit en quelque 150 endroits, selon des sources régionales.
"Les pluies ont fragilisé les digues et les murs de protection mais nous tentons de les renforcer", a déclaré Sauleh Farooqi, chargé de la lutte contre les inondations dans la province. De plus, "ça a été très difficile d'évacuer les gens parce qu'ils ne voulaient pas partir". D'après les autorités, 400 camps ont été mis en place pour recevoir les personnes déplacées et 30 bateaux participent aux opérations d'évacuation.
Dans le Penjab, l'armée utilisait des bateaux et des hélicoptères pour secourir les habitants bloqués par les eaux et les déposer au sec, sur des terrains plus élevés. Les militaires ont déjà évacué quelque 8.000 personnes à Sanawan mais, d'après un habitant qui venait d'être secouru, il restait encore 2.000 sinistrés qui attendaient de l'aide.
D'après le général Nadir Zeb, responsable des secours dans la région, beaucoup d'habitants ont ignoré les alertes aux inondations et n'ont pris conscience du danger que lorsque les eaux ont inondé leur ville ou leur village. "Ils ont risqué leur vie mais nous sommes en train de les atteindre", a-t-il assuré.
De nombreux Pakistanais reprochent à leur président, Asif Ali Zardari, de ne pas rester auprès d'eux au milieu de cette catastrophe. M. Zardari effectue actuellement une tournée europénne qui l'a mené en France dimanche et lundi, puis en Grande-Bretagne cette semaine. AP