Pour éviter la banqueroute des régimes Agirc et Arrco, le patronat a proposé une mesure explosive : pratiquer des abattements sur les pensions complémentaires compris entre 10% et 50%, et ce, quelle que soit la durée d'assurance. Un système qui plomberait le pouvoir d'achat des futurs retraités, selon les simulations réalisées par le cabinet Optimaretraite. Nos calculs exclusifs.
Comment inciter les salariés à prendre leur retraite de plus en plus tard ? Eh bien, le Medef a trouvé la formule magique : pratiquer un abattement sur les pensions pour ceux qui partent avant 67 ans, l'âge du taux plein dans les régimes complémentaires !
Concrètement, plus l'assuré prendrait sa retraite tard, moins la décote appliquée sur sa pension Arrco et Agirc serait élevé, pour disparaître à 67 ans, âge auquel il peut prétendre à une pension à taux plein. Ce système a le mérite d'être efficace pour les comptes des caisses de retraites complémentaires. Selon la sévérité du taux appliqué, il rapporterait entre 2,1 et 4,3 milliards à horizon 2020, selon le document diffusé par le Medef, que nous avons pu nous procurer.
Mais le prix à payer par les assurés est élevé ! Pour mesurer le manque-à-gagner pour les futurs retraités, Capital.fr a demandé à son partenaire, le cabinet Optimaretraite, de réaliser des simulations chiffrées. Pour ce faire, nous avons pris l'exemple de 3 salariés, un non-cadre rémunéré 3.000 euros brut par mois, un cadre avec un salaire de 6.000 euros et un dirigeant avec une rémunération brute mensuelle de 12.600 euros.
Pour chacun, nous avons estimé la perte de pension subie dans le cas où la pire des propositions du Medef serait adoptée, puis, dans le cas où celle qui est la plus favorable passe. Et les résultats sont sans appel : les salariés qui prendront leur retraite à partir du 1er janvier 2017 risquent de voir leurs pensions complémentaires fondre de 3% à 35%, jusqu'à leur 67ème anniversaire, âge du taux plein dans les régimes complémentaires. Evidemment, plus le poids de la complémentaire dans la retraite totale est élevé, plus la perte occasionnée par ces mécanismes d'abattement est importante.
Le pire des scénarios : jusqu'à 94.680 euros de perte en moins en 5 ans selon nos profils-types
Si les partenaires sociaux optent pour un abattement fixe de 50%, les assurés qui prennent leur retraite à l'âge légal de 62 ans verront leur pension complémentaire fondre de 14% à 35%, estime le cabinet Optimaretraite. Et ce durant 5 ans, jusqu'à ce qu'ils aient atteint 67 ans, l'âge du taux plein dans les régimes complémentaires.
Pour un dirigeant rémunéré plus de 10.000 euros par mois, cela représente pas loin de deux ans de pensions de retraite ! Rien que ça. Pour limiter la casse, la seule solution serait alors de retarder son départ en retraite. A 67 ans, plus aucun abattement n'est appliqué.