Réchauffement: 50% des espèces d'oiseaux en péril Plus de la moitié des espèces d'oiseaux d'Amérique du Nord sont menacées par le changement climatique, selon une étude de l'organisation environnementale américaine National Audubon Society.
(photo: Keystone/AP/Matt Slocum)
Plus de 50% des espèces d'oiseaux nord-américains, dont l'aigle chauve emblème des Etats-Unis, sont menacées par le réchauffement climatique et l'urbanisation qui font reculer leur habitat, mettent en garde deux rapports mardi. Pour l'organisation environnementale américaine National Audubon Society, 314 espèces d'oiseaux, soit plus de la moitié de celles présentes aux Etats-Unis et au Canada, sont en danger d'extinction si la hausse des températures terrestres se poursuit, dont un grand nombre qui jusqu'alors n'étaient pas considérées comme menacées.
L'aigle chauve, emblème des Etats-Unis, est menacé.(photo: AFP/Karen Bleier)
Ces ornithologues ont ainsi identifié 126 espèces qui risquent de perdre plus de 50% --voire même jusqu'à 100% dans certains cas-- de leur habitat d'ici 2050, sans possibilité d'émigrer ailleurs si le réchauffement continue au rythme actuel. Et 188 autres espèces pourraient voir au moins 50% de leur espace naturel disparaître d'ici 2080, mais celles-ci seraient toutefois en mesure de coloniser d'autres régions plus clémentes.
Eviter une catastrophe «Le changement climatique représente la plus grande menace à laquelle font face nos oiseaux aujourd'hui», a estimé Gary Langham, responsable scientifique de la National Audubon Society et directeur de cette recherche «laborieuse et approfondie» qui a duré sept ans. «Le réchauffement menace la fabrique même de la vie dont dépendent les oiseaux et le reste d'entre nous», prévient-il. Pour ce scientifique, la situation exige «d'agir sans attendre et de façon décisive pour éviter une catastrophe».
Les experts de la National Audubon Society ont analysé 30 années de données sur le climat en Amérique du Nord. Ils ont aussi passé au crible des dizaines de milliers d'observations d'oiseaux effectuées par l'ONG ou provenant d'études sur les lieux de reproduction et les conditions climatiques effectuées par l'Institut américain de géophysique.
Alors que certaines espèces seront capables de s'adapter au changement climatique, un grand nombre, parmi les plus connues et les plus symboliques, font face à de sérieux défis. Ainsi, l'aigle chauve pourrait voir son habitat diminuer de près de 75% au cours des 65 prochaines années, selon ces chercheurs. Le huart, emblème de l'Etat du Minnesota (nord), pourrait se retrouver dans l'impossibilité de se reproduire dans 48 Etats américains d'ici 2080. Les autres oiseaux qui symbolisent des Etats de l'Union en danger sont le pélican brun en Louisiane (sud) ou encore le goéland de Californie en Utah (ouest).
Perte d'habitatPar ailleurs, selon «L'Etat des oiseaux 2014» (The State of the birds 2014), un rapport annuel produit dans le cadre d'une coopération entre des agences fédérales et des organisations environnementales, les populations d'oiseaux déclinent dans sept habitats clé en Amérique du Nord (côtier, océanique, forestier, insulaire, aride...). Les auteurs de ce document indiquent également une liste d'espèces à surveiller ayant un besoin urgent de protection.
Ils ont notamment constaté que les populations d'oiseaux dans les régions arides ont connu le déclin le plus drastique, avec une perte de 46% depuis 1968 dans l'Utah, l'Arizona et le Nouveau Mexique. La perte d'habitat et sa fragmentation résultant de l'urbanisation représentent selon les auteurs les plus grandes menaces.
Le rapport souligne ainsi des périls de taille dans les zones de prairies où ces experts ont constaté une diminution du nombre d'oiseaux reproducteurs, comme chez les alouettes et les martinets dont les populations ont chuté de près de 40% depuis 1968. Cependant, ce déclin se ralentit depuis 1990 grâce à des mesures de conservation dans les prairies, se félicitent les auteurs.
«Ce rapport met en lumière les menaces pesant sur les oiseaux mais il offre aussi un espoir pour leur survie si nous agissons de concert», indique Wayne Clough, responsable de la Smithsonian Institution, qui a participé à cette recherche. La secrétaire américaine à l'Intérieur, Sally Jewell, pointe quant à elle le rôle vital joué par les parcs nationaux et les réserves naturelles pour préserver l'habitat des oiseaux.
«Nos réserves sauvages, nos parcs nationaux et autres domaines publics sont des refuges vitaux pour un grand nombre d'espèces d'oiseaux, surtout face au changement climatique, l'un des plus grands défis pour la conservation des habitats de toutes les espèces animales au 21e siècle», a-t-elle déclaré dans un communiqué.
(ats)
http://www.20min.ch/ro/news/science/story/R-chauffement--50--des-esp-ces-d-oiseaux-en-p-ril-11778284