Au moins 17 mineurs ont été tués lors d'une explosion dans une mine de charbon de l'ouest de Turquie et 200 restaient bloqués sous terre en fin de soirée mardi malgré les efforts des secouristes pour leur venir en aide.
Selon le dernier bilan provisoire de l'Agence pour les désastres (AFAD) 17 mineurs ont été tués, 11 blessés et plus de 200 pris au piège dans la mine de Soma à quelque 500 km d'Istanbul dans la province de Manisa.
Des norias de secouristes ramenaient à la surface des personnes blessés qui avaient du mal à respirer et toussaient tandis que des centaines d'employés de la compagnie minière étaient rassemblées sur le site de l'explosion.
La circulation des ambulances était surveillée par un imposant service de sécurité veillant à ce que personne ne vienne ralentir le passage des véhicules.
Des proches des mineurs se sont également rendus sur place visiblement très inquiets certains ayant du mal à retenir leurs larmes.
"J'attends mon fils depuis le début de l'après-midi. Je n'ai aucune nouvelle. Il n'est pas encore sorti", a dit à l'AFP Sena Isbiler.
Un responsable de la sécurité, qui a souhaité gardé l'anonymat, a indiqué à l'AFP que quelque 50 mineurs avaient été évacués.
Vers 12h30 GMT une explosion qui aurait été provoquée par une panne dans un transformateur électrique a provoqué un effondrement empêchant de nombreux mineurs de sortir à l'air libre.
Le manque d'oxygène représentait pour eux le plus grave danger alors qu'ils restaient coincés dans les étroits boyaux à environ 2 km de profondeur et à 4 km de l'entrée de la mine.
Dans la soirée les secouristes s?efforçaient d'injecter de l'air frais dans les galeries où les pompiers progressaient à grand peine en raison d'une épaisse fumée.
- Masques à gaz -
Un hélicoptère de secouristes a été envoyé sur le lieu du drame et l'armée a dépêché des équipes d'une vingtaine de personnes, selon l'agence de presse Anatolie.
Des mineurs disposeraient de masques à gaz mais on ignoraient combien de temps ils pourraient tenir sans être secourus.
Selon des médias locaux, 580 personnes se trouvaient dans la mine au moment de l'explosion et un grand nombre d'entre eux a réussi à s'échapper.
"Notre priorité est d'atteindre nos employés sous terre", a dit à la presse le ministre de l?Énergie Taner Yildiz qui s'est rendu sur place.
"Quatre équipes de sauveteurs travaillent dans la mine. Le feu crée des problèmes mais de l'oxygène est injecté dans les puits qui n'ont pas été touchés", a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, la compagnie minière Soma Komur a estimé que l?effondrement était "un accident tragique". "Malheureusement certains de nos employés ont perdu la vie dans cet accident", a-t-elle souligné. "L'accident est survenu malgré un maximum de mesures de sécurité et des inspections mais nous avons réussi à intervenir rapidement", a assuré la compagnie.
Le ministère turc du Travail et de la Sécurité sociale a indiqué que la mine avait été inspectée la dernière fois le 17 mars et qu'elle appliquait les normes en vigueur.
"Il n'y aucune sécurité dans cette mine. Les syndicats ne sont que des pantins et la direction ne pense qu'à l'argent", a toutefois affirmé le mineur Oktay Berrin.
Les services du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan ont indiqué "suivre attentivement les développements".
Le spécialiste de l'industrie minière, Vedat Didari,de l'Université Bulent Ecevit de Zonguldak, a indiqué à l'AFP que le risque principal tenait au manque d'oxygène. "Si les ventilateurs sont en panne, les mineurs peuvent mourir en une heure", a-t-il dit.
Les explosions dans les mines sont fréquentes en Turquie en particulier dans celles du secteur privé où, souvent, les consignes de sécurité ne sont pas respectées.
L'accident le plus grave est survenu en 1992 quand 263 mineurs ont été tués dans une explosion de gaz dans la mine de Zonguldak.
Le district de Soma, qui compte environ 100.000 habitants est un des principaux centres pour l'extraction de la lignite, principale activité de la région