Vendée. L'agrandissement de la carrière PRB inquiète

Vendredi 09 mai 2014
Vendée. L'agrandissement de la carrière PRB inquiète
À La Boissière-des-Landes, le site va presque doubler. C'est là que s'approvisionne le fabricant de produits pour le bâtiment de La Mothe-Achard. Des riverains se plaignent de nuisances.



50 hectares de plus
 
Cela pourrait être un petit paradis. C'est surtout le « trésor » de PRB. Le fabricant de produit pour bâtiments, de La Mothe-Achard, puise une grande partie de sa matière première à la sablière de la Lande. Une carrière à cheval sur plusieurs communes, près de La Boissière-des-Landes, dont la surface pourrait presque doubler en 2015.
50 hectares de plus, pour atteindre 120 hectares. Il y aurait 12 millions de tonnes à récupérer, sur une trentaine de mètres profondeur. L'entreprise souhaite maintenir son rythme de production actuel, soit environ 350 000 tonnes par an. L'usine de traitement s'est déjà progressivement agrandie, depuis les années 2000. Et une soixantaine de camions font chaque jour la navette entre La Boissière et La Mothe-Achard !
Ça vibre dans les maisons
« Un mini-tremblement de terre permanent ! » Les riverains ne voient pas cette ambition d'un très bon oeil. À moins d'un kilomètre, 25 hameaux. À la Guitardière (Nesmy), Patrick Buisine est aux premières loges. « On subit les vibrations de l'usine de séchage, peste-t-il. Tout ce qui n'est pas fixé bouge. » Deux voisins confirment. « On installe des cales sur les portes », dit Roselyne Carpentier. Pareil chez Jacky Pasot, qui évoque aussi de la poussière : « Il y en a partout, tout le temps. » Le bruit ? « On s'y fait », philosophe une habitante de la Chapelière, juste devant l'entrée de la carrière.
Pascal Holenka, lui, ne ressent pas encore ces conséquences. Mais sa maison, à Traversier (La Boissière), se trouvera presque encerclée par le futur périmètre : « On ne sera plus à la campagne », se lamente-t-il. Pour sa santé, il était, justement, venu ici chercher la tranquillité. « Où va-t-on aller cueillir des champignons, se balader », se plaint son voisin. Qui se demande, par ailleurs, s'il y a un lien avec les fissures sur ses façades.
Dix millions de chiffre d'affaires
Pourquoi agrandir ? Le secteur bâtiment, déjà secoué, ne voit pas l'horizon s'éclaircir. « Il faut préparer l'avenir », cadre Jean-Jacques Laurent. Le PDG de PRB est aussi propriétaire de la sablière. Son père avait découvert ce site « magnifique » et compris la nécessité de « maîtriser l'approvisionnement ». A moins de 30 km de la production, un sable de très bonne qualité. Les retombées : dix millions d'euros de chiffre d'affaires, plus d'un million d'investissement par an, « 25 à 30 emplois » et « des revenus pour la commune ».
Exceptionnellement, c'est aussi une réserve en cas de sécheresse. « Deux fois, le bassin a été réquisitionné », souligne Jean-Jacques Laurent, en réponse aux inquiétudes sur le niveau de la nappe.
Une « modification profonde » des lieux
Les nuisances ? La fréquence des tamis a été diminuée pour limiter les vibrations. Contre le bruit, les usines de traitement ont été « calfeutrées ». La capacité de stockage, à La Mothe, a été augmentée, « pour ne pas faire tourner la carrière le week-end et la nuit », assure Jean-Jacques Laurent. Autres nouveautés : barge d'extraction électrique, signaux sonores des camions, arrosage des pistes contre la poussière, tapis roulant sur la future extension pour limiter la circulation, etc.
Bilan. Avant l'enquête publique, la direction de l'Environnement s'est prononcée. « Les mesures d'évitement, de réduction et de compensation apparaissent cohérentes avec les enjeux environnementaux et les impacts potentiels du projet », conclut-elle.
Le rapport constate aussi que « les principales mesures en faveur de la faune et la flore permettront d'éviter d'impacter le vallon humide et conduiront à la reconstitution des mares et milieux humides ». Il ne s'inquiète pas, non plus, de la qualité de l'eau du Graon, coulant juste en amont, qui alimente le barrage pour l'eau potable.
Des bémols, cependant. Concernant les bruits, et le danger potentiel des poussières : « Certains éléments mériteraient d'être complétés pour lever toute ambiguïté. » Et au final, sur l'avenir du site, peu d'illusions : « Compte tenu de la durée d'exploitation et des surfaces en jeu, le projet aboutira à une modification profonde de la configuration des lieux. »
Pour l'Autorité environnementale, « la question de la remise en état finale », après la fin de l'exploitation, « mérite une réflexion à la hauteur ».
Enquête publique jusqu'au 24 mai. Permanence du commissaire à la mairie de La Boissière-des-Landes le lundi 19 mai de 9 h à 12 h et le samedi 24 mai de 9 h 30 à 11 h 30.
Matthieu MARIN.

http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/vendee-lagrandissement-carriere-prb-inquiete-09-05-2014-144417