Après trois reports, la société privée américaine SpaceX a lancé vendredi avec succès sa capsule non habitée Dragon vers la Station spatiale internationale (ISS) qu'elle devrait rejoindre dimanche, le jour de Pâques, pour livrer du matériels et des provisions.
Il s'agit de la troisième de ses 12 missions de fret prévues pour le compte de la Nasa. La fusée Falcon 9 s'est arraché de son pas de tir de Cap Canaveral en Floride à 15h25 (19h25 GMT), dans un ciel couvert.
Lundi, SpaceX avait annulé le tir une heure avant l'heure prévu du décollage en raison d'une fuite d'hélium dans le premier étage de Falcon.
Dragon s'est séparé du deuxième étage du lanceur 10 minutes après le décollage vendredi, après avoir atteint l'orbite terrestre. Une minute après, le vaisseau spatial a déployé ses deux antennes solaires avant d'entamer une course vers l'ISS, qui se trouve à 350 km d'altitude et à laquelle elle devrait s'amarrer dimanche.
A son arrivée à proximité de la Station dimanche vers 11h15 GMT, Dragon sera saisi par le bras télémanipulateur de l'ISS contrôlé par deux des six astronautes à bord du complexe orbital qui l'amarreront sur le module américain Harmony.
Ce sera la quatrième visite de Dragon à l'ISS après deux précédentes missions de fret et un premier vol de démonstration parfaitement réussi en mai 2012, qui avait marqué le premier amarrage d'un vaisseau privé à l'avant-poste orbital. En octobre avait eu lieu sa première mission commerciale de fret.
La Nasa avait décidé dimanche dernier de maintenir le lancement de Dragon cette semaine malgré la panne le 11 avril d'un des ordinateurs relais situés à l'extérieur de l'ISS. Cette défaillance avait fait craindre qu'en cas de panne de l'ordinateur principal, la Nasa ne puisse plus contrôler certains systèmes clé de la Station dont les panneaux solaires et les circuits de refroidissement.
- Des légumes dans l'espace -
Mais les ingénieurs ont finalement déterminé qu'ils pouvaient reprogrammer ces systèmes pour permettre un amarrage en toute sécurité de Dragon avant que l'ordinateur défectueux ne soit remplacé le 22 avril lors d'une sortie orbitale par deux astronautes de la Station.
Dragon va livrer 2,2 tonnes de matériel important et d'approvisionnement dont un nouveau scaphandre spatial, des composants pour réparer ceux se trouvant à bord de l'ISS ainsi que des équipements pour 150 expériences scientifiques et des aliments.
Parmi ces expériences, il y a une unité capable de faire pousser des légumes dans l'espace (VEGGIE) et une autre visant à comprendre pourquoi le système immunitaire des astronautes s'affaiblit en microgravité. La Nasa envoie pour sa part un système expérimental capable de transmettre plus rapidement des données par faisceaux optiques laser, ce qui sera une première depuis l'espace.
Ce lancement de Dragon avait été repoussé à plusieurs reprises, dont le mois dernier par SpaceX en raison d'un problème technique et début avril à cause d'une panne du radar de l'armée de l'Air à Cap Canaveral qui traque le vol du lanceur.
Le précédent lancement d'une capsule Dragon avait eu lieu en mars 2013.
La Nasa compte sur SpaceX et d'autres sociétés pour prendre la relève des navettes spatiales, dont la dernière a volé en juillet 2011, afin de ravitailler à moindre coût l'ISS et y transporter des astronautes.
En vertu d'un contrat de 1,6 milliard de dollars avec la Nasa, SpaceX doit effectuer au total 12 missions de fret vers la Station. L'agence spatiale américaine a également conclu un contrat de ravitaillement de l'ISS, de 1,9 milliard, avec Orbital Sciences Corporation dont la capsule Cygnus a effectué sa première livraison en janvier 2014.
SpaceX, Boeing et Sierra Nevada ont aussi été retenus par la Nasa pour développer des vaisseaux privés de transport de personnes vers l'ISS et d'autres destinations orbitales, qui devraient voler en 2017. Cela mettra fin à la dépendance aux Soyouz russes pour acheminer des astronautes américains à l'ISS depuis la fin des navettes au prix de 70 millions de dollars le siège.
Pour l'heure ce contrat ne paraît pas être affecté par les vives tensions russo-américaines suscitées par la crise en Ukraine.