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 Vivre avec un alcoolique : témoignage

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MessageSujet: Vivre avec un alcoolique : témoignage   Vivre avec un alcoolique : témoignage EmptyJeu 14 Mar - 17:06

Vivre avec un
alcoolique : témoignage

Vivre avec un alcoolique : témoignage Reed814

©
Richard Villalon - Fotolia.com
Francine et José se sont rencontrés dans le
cadre de leurs études, lors d’un voyage en train vers Liège. Ils avaient 18 ans
et se sont mariés à 25. Tout a été très vite : leur fille aînée est née juste 1
an après leur mariage. Lui travaillait à l’université, elle dans l’enseignement…
Un parcours a priori exemplaire si l’alcool n’était pas venu s’en mêler. Pour
Quintonic, Francine a accepté de témoigner sur ces années noires.
Le problème
avec l’alcool, c’est que personne ne le réalise
« José a commencé à boire
seul, dans son coin, des boissons pas chères évidemment. Les alcooliques se
fichent de la qualité. Mon mari a été jusqu’à boire de l’alcool de laboratoire.
Il avait un comportement désagréable. Mais, comme beaucoup de gens à l’époque,
on ne savait pas ce que c’était que l’alcoolisme. Je l’ai appris après, malgré
les signes. On le voyait sortir de la voiture un peu raide le soir par exemple,
mais je ne réalisais pas. Après la méconnaissance, il y a un véritable refus
d’admettre ».
L’alcool rend vindicatif
« L’alcoolique cherche la bagarre,
la petite bête, il cherche aussi toujours à assouvir son besoin. Tout le monde
boit de l’alcool, c’est convivial, parfois festif. Mais l’alcoolique, lui, ne
peut plus boire de façon raisonnée. Il n’y a plus que l’alcool qui prime dans sa
vie, il est présent en permanence, c’est un besoin physique. José prenait en
cachette une dose suffisante pour tenir 2-3 heures, mais après le manque
apparaissait et il devenait invivable. Il cherchait la culpabilité chez ceux qui
étaient sobres, en l’occurrence ma fille aînée et moi. Il nous testait, nous
agressait verbalement, et si on ne se manifestait pas c’était encore
pire.
Fatalement, son environnement au travail l’a aussi remarqué. On l’a mis
à l’écart, il a été arrêté… Mais après avoir dérapé, ça a été encore plus
difficile de reprendre une vie normale.
L’alcoolisme, c’est dur à
admettre
Pour ma part, je me suis rendu compte assez vite de son caractère
désagréable, et de sa tendance à boire de plus en plus et il m’a fallu 4-5 ans à
vraiment mettre un mot sur le problème. J’ai eu le déclic un jour où un ami m’a
incitée à assister à une réunion des alcooliques anonymes. Je me souviens aussi
d’avoir téléphoné à l’assistante sociale, qui m’a rassurée. Elle m’a dit de ne
pas m’en vouloir, puis elle m’a conseillé un livre qui m’a vraiment fait
comprendre : "Le dernier verre", de Jean-Marc Melsen aux Editions
Flammarion.
Quant à José, c’était pour lui aussi difficile de devoir se faire
soigner. Il a pris conscience de son mal-être au bout de quelques années, mais
sans admettre véritablement son alcoolisme ».
Je devais m’occuper de tout
!
« À la maison, José n’était pas violent après avoir bu, mais il avait des
paroles dures et déplacées, il s’en prenait à son entourage le plus proche,
alors même qu’on faisait en sorte qu’il arrête. J’étais inquiète pour lui, pour
notre famille et pour notre quotidien. Lorsqu’il buvait, José manquait de
réalisme, il m’a fallu mettre le nez dans le budget, les comptes… J’ai eu de
grosses surprises en découvrant des lettres pas ouvertes, et je n’avais pas
cette habitude. Je devais aussi m’occuper de nos 4 enfants, le petit n’avait que
6 ans. »
Le « magic moment »
« C’est, selon les spécialistes, un moment
qui fait prendre conscience de son état. Ça peut être n’importe quoi, selon les
sujets. Celui de José s’est produit à Bruxelles, dans une grande surface, alors
que nous nous rendions à l’enterrement d’une amie. On en a parlé lorsqu’il a
arrêté de boire, quand on a enfin pu avoir des conversations lucides. Il a testé
2 ou 3 cures dans des établissements, qui n’ont pas fonctionné. Un jour, j’ai
demandé à ce qu’on lui pose un implant d’Antabuse (fréquemment utilisé dans les
années 80). Est-ce que c’est ça ou est-ce que c’est une combinaison de tous ces
éléments ? Toujours est-il qu’à partir de ce moment, José n’avait plus envie de
boire d’alcool.
Aujourd’hui encore, il suit toujours les réunions
d’Alcooliques Anonymes, pas seulement pour ne pas rechuter, mais aussi parce que
c’est comme un "art de vivre". Il y a toute une philosophie de vie, essentielle,
qui entoure l’arrêt de la boisson.
José a arrêté de boire en 1985, il a fait
une rechute de 2 ou 3 mois, mais globalement nous avons réussi à reconstruire
une vie de famille ».
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