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 Les fonctionnaires face au choc de la rigueur

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MessageSujet: Les fonctionnaires face au choc de la rigueur   Les fonctionnaires face au choc de la rigueur EmptyVen 6 Juil - 12:24

Les fonctionnaires face au choc de la rigueur



INFOGRAPHIE. Gel des salaires, baisses d'effectifs : les agents sont déboussolés. Leurs syndicats sont mal à l'aise pour riposter.


Les fonctionnaires face au choc de la rigueur Coeur-
Assommés. En une semaine, les fonctionnaires ont appris que deux départs en retraite sur trois ne ­seraient pas remplacés dans les missions «non prioritaires» de l'État. Que les augmentations catégorielles de salaire seraient divisées par deux. Et ils ont compris qu'ils pouvaient faire une croix sur une hausse générale cette année. ­Encore la Cour des comptes juge-t-elle ces efforts insuffisants… Bref, «un grand moment de rigueur» les attend, pour citer leur propre ministre, Marylise Lebranchu.

Leurs organisations syndicales n'ont pas vu le coup venir. Ou n'ont pas voulu le voir venir, car les premières décisions de Jean-Marc Ayrault sur les effectifs étaient en germe dans la campagne présidentielle. Le candidat Hollande s'est engagé à embaucher dans l'Éducation mais avec une stabilité globale des effectifs de l'État - donc, mécaniquement, à supprimer des postes ailleurs. Quant à la hausse tant ­espérée du point d'indice, il s'est bien gardé de la promettre.

Vu l'état des finances publiques, vu le montant des frais de personnel de l'État - 82 milliards d'euros par an, plus 53 milliards de pensions de retraite, soit 42 % du budget total -, vu le poids du public dans l'ensemble de l'économie française, vu le «taux d'administration» de la population comparée à celui de nos voisins, il semblait inévitable que les fonctionnaires se retrouvent dans la ligne de mire. Quel que soit le vainqueur des élections.

Si le choc est brutal, c'est sans doute que la fonction publique a été relativement préservée jusqu'ici. Certes, un départ sur deux n'a pas été remplacé depuis cinq ans - soit une baisse de 6 % des effectifs environ. Certes, des services ont été regroupés dans les préfectures. Mais le grand chantier envisagé au début de l'ère Sarkozy sur les missions et le périmètre de l'État n'a jamais été ouvert. Et surtout, des hausses de salaires, importantes dans certains ministères comme aux Finances ou à l'Intérieur, avaient aidé à faire passer la pilule des réductions de personnel.

«La fonction publique a été épargnée pour deux raisons», analyse Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail. «D'abord, par prudence. C'est un corps social sans équivalent, de plus de 5 millions de personnes, habitué à la stabilité - son statut date de 1946. Difficile de le mettre en mouvement autrement que par petites touches, Claude Allègre l'a montré à ses dépens, rappelle le spécialiste des relations sociales. Ensuite, la fonction publique constitue le gros des militants syndicaux. Or Nicolas Sarkozy n'a pas cherché à les affronter mais plutôt à en faire des alliés, en particulier la CGT: dès son passage à Bercy, sur l'ouverture du capital d'EDF, puis pendant sa présidence, notamment sur la réforme des régimes spéciaux de retraite.»

«Épousailles affectives» avec la gauche


Pour autant, il existe entre la droite et les fonctionnaires une méfiance réciproque. À l'inverse, Bernard Vivier souligne les«épousailles ­affectives entre la gauche et le ­monde des fonctionnaires. Un discours de considération plutôt que d'accusation est important pour ­éviter le sentiment d'une “rigueur antifonctionnaires”».

La gauche serait donc la mieux placée pour bousculer l'administration? Les grands syndicats, en tout cas, ne font pas preuve d'une vigueur extrême dans leurs réactions depuis quelques jours. Il faut dire que la CGT a explicitement appelé à voter Hollande. Et que, sans aller jusque-là, la CFDT et l'Unsa - dont certains dirigeants sont proches du PS - n'ont pas fait mystère du programme qui avait leur préférence lors de la présidentielle. Le patron de l'Unsa, Luc Bérille, a même renoncé par avance à réclamer une hausse du point d'indice - une indulgence qui provoque des remous parmi ses troupes, pas toutes prêtes à renoncer si vite à la revendication traditionnelle des fonctionnaires.

Seule FO se sent réellement à l'aise pour protester, rappelant à qui veut l'entendre qu'elle n'a choisi aucun camp pour la présidentielle. Et envisageant déjà d'appeler à la grève à la rentrée, si ses craintes devaient se confirmer, en particulier sur le gel du point d'indice.



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