Les députés refusent de baisser leurs indemnités
Lionnel Luca, ici en mai 2010 à Cannes.Crédits photo : ANNE-CHRISTINE
Le député UMP Lionnel Luca s'appliquera à lui-même la baisse de 10% refusée par l'Assemblée.Sans surprise, l'amendement défendu par
Lionnel Luca (UMP) visant à réduire de 10% les indemnités des députés en 2012 a été repoussé lundi après-midi à l'Assemblée nationale. L'ensemble des députés
UMP présents, dont leur président de groupe,
Christian Jacob, venu spécialement en séance à ce moment là, ont voté contre, et la gauche s'est abstenue. Seuls ont voté pour Lionnel Luca et sa collègue de Seine-et-Marne Chantal Brunel. Pour défendre cet amendement, cosigné par 32 députés (dont le porte-parole du Nouveau centre, Philippe Vigier, le villepiniste Jean-Pierre Grand, le non inscrit Nicolas Dupont-Aignan, candidat à l'Élysée en 2012, et le Vert François de Rugy), Lionnel Luca a estimé qu'en période de crise, cette mesure était susceptible de réaliser cinq millions d'euros d'économies. Mais surtout, a-t-il expliqué, de demander «un effort personnel de chacun des députés».
Sévèrement, le rapporteur spécial Jean Launay (PS) s'est exprimé à titre personnel pour dire que cet amendement avait «un caractère d'affichage sinon de gadget» mais «pas de pertinence sur le plan politique». Le député PS du Lot a précisé que l'indemnité parlementaire était régie par une ordonnance du 13 décembre 1958, et qu'elle était calculée par référence au traitement des fonctionnaires d'État hors échelle. Jean Launay a ironiquement conseillé au député UMP des Alpes-Maritimes de «renoncer à son indemnité de vice président du conseil général». Le socialiste René Dosière a renchéri: «Cet amendement n'est pas du tout opérationnel. Pourquoi tout ce cinéma?». Venant à la rescousse de Lionnel Luca, la députée de Seine-et-Marne Chantal Brunel a déclaré qu'elle voterait cet amendement pour être «au rendez-vous de l'exemplarité et de la solidarité avec les Français» auxquels on demande des efforts.
Baisse du budget de l'AssembléeDans sa réponse à Lionnel Luca,
la ministre du Budget Valérie Pécresse s'en est tenue aux principes. Elle a souligné qu'en 2012, «il n'y aura aucune baisse d'aucun revenu» conformément à la ligne du gouvernement, en dépit de la crise. Elle a précisé que les revenus des fonctionnaires augmenteraient de 3% en 2012, et que les revenus de remplacement seraient indexés sur l'inflation. La ministre du Budget a aussi annoncé une baisse de «40 millions d'euros» des crédits de communication des ministères, dans le cadre du plan de rigueur.
Jugeant que sa proposition était «un élément de confiance entre les élus et nous» Lionnel Luca a annoncé en conclusion qu'à titre personnel, il «s'appliquerait à lui-même la baisse de 10%» de son indemnité parlementaire. Chantal Brunel a aussi accusé la gauche de s'être abstenue sur un autre amendement, signé celui-là par le président de l'Assemblée nationale
Bernard Accoyer, et par les deux questeurs UMP, Richard Mallié et Philippe Briand, qui prévoit une réduction de la dotation demandée à l'État par l'Assemblée de 3%, ce qui représentera 16 millions d'euros supplémentaires d'économies en 2012. L'amendement de baisse de 3% du budget de l'Assemblée a été adopté par les seules voix UMP.