Grèce : une sortie de l'euro est désormais envisagéeUne drachme, l'ancienne monnaie grecque remplacée par l'euro en 2002Crédits photo : Thanassis Stavrakis/AP
Derrière la question du référendum, «il s'agit de savoir si les Grecs veulent ou non rester dans la zone euro », affirme le premier ministre grec.«
La seule question qui se pose désormais pour les Grecs c'est de savoir s'ils veulent rester membres de la zone euro ». Cette phrase prononcée deux fois avec gravité à minuit dans l'auditorium du Palais des festivals de Cannes, par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy fera date dans l'histoire de l'Europe. Elle résonnera avec acuité tout au long des deux jours du sommet du G20 qui débute aujourd'hui à midi et se terminera demain après midi. Les 20 dirigeants des pays les plus riches de la planète doivent discuter aujourd'hui lors de leur premier déjeuner ensemble de la manière de relancer la croissance mondiale et de réformer le système monétaire international avant de s'attaquer dans l'après midi à la question du financement de l'aide au développement. Autant de sujets majeurs et graves qui ne pèseront pas lourd, pourtant, face à celui qui est dans tous les esprits ce matin à Cannes : la Grèce va-t-elle ou non sortir de la zone euro ?
Après le séisme provoqué lundi soir par
l'annonce du premier ministre grec Georges Papandreou d'organiser un referendum pour consulter ses concitoyens sur le plan d'aide européen adopté dans la nuit du 26 au 27 octobre dernier, à Bruxelles, on en sait enfin davantage. Une réunion de trois heures, hier soir à Cannes entre les dirigeants allemands, français, de l'union européenne et du FMI, en présence du premier ministre grec, ont éclairci les choses.
La Grèce devrait organiser un referendum le 4 décembre prochain. Le conditionnel reste de mise, car rien ne dit que le gouvernement Papandreou sera encore en place à cette date. Il subira demain un vote de confiance au sein de son parlement qui s'annonce très serré, comme il l'a lui-même reconnu hier soir à Cannes. La question précise qui sera posée dans ce referendum n'est pas encore déterminée mais dans la lignée de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, le premier ministre grec a été très clair : « au fond, il s'agit de savoir si les grecs veulent ou non rester dans la zone euro ».
Sarkozy et Merkel lancent un «appel solennel au peuple grec»Côté européen, après les premières heures de stupeur, la réunion d'hier soir a permis d'établir une ligne claire : d'abord, accélerer la mise en œuvre des décisions prises la semaine dernière à Bruxelles. Il s'agit notamment de mettre en place le Fonds européen de stabilité financière nouvelle formule rapidement, pour qu'il fasse office de pare-feux en cas de « non » grec. Deuxième réponse : « nous sommes prêts à aider les grecs au nom de la solidarité européenne mais cette solidarité exige que la Grèce respecte ses engagements », a martelé Nicolas Sarkozy. En clair, s'ils disent oui le 4 décembre, les grecs ne doivent pas croire qu'ils échapperont à la rigueur, ni à l'austérité. Enfin, la sixième tranche d'aide à Athènes ne sera pas débloquée tant que la situation politique du pays n'aura pas été clarifiée, car a précisé le président français « nous ne pouvons pas engager l'argent des contribuables européens si les règles ne sont pas respectées ». Pour mieux dramatiser l'évènement, hier soir, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont lancé un « appel solennel au peuple grec souverain pour qu'un compromis politique soit rapidement trouvé dans le pays », autour d'un oui à l'euro.
Les journalistes présents dans la salle ont eu l'étrange sentiment de vivre un moment fort de l'avenir de la monnaie unique. Le verdict des marchés financiers, aujourd'hui, alors que pour la première fois l'hypothèse d'une sortie d'un pays hors de l'euro a été évoquée, s'annonce serré.
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