Mystérieuse hécatombe de sangliers sur une plage bretonne
RENNES (Reuters) - Dix-huit nouveaux cadavres de sangliers ont été retrouvés mardi sur une plage de Bretagne fermée en raison de la prolifération d'algues vertes, portant le total à 28 bêtes mortes au même endroit depuis début juillet.
Pour les associations écologistes, il ne fait guère de doute que cette hécatombe est due aux marées vertes constatée sur la plage de Saint-Maurice de Morieux, dont la décomposition dégage de l'hydrogène sulfuré, un gaz qui peut être mortel, mais les autorités disent ne pas être en mesure de tirer de conclusions.
Le fléau environnemental des algues vertes, qui pourrait présenter des risques pour la santé des humains, trouve son origine dans les engrais azotés utilisés pour l'agriculture et qui se transforment en nitrate dans les cours d'eau.
Après la découverte de deux marcassins le 7 juillet, trois femelles et cinq marcassins sans vie ont été retrouvés dimanche dernier près de l'estuaire du Gouessant qui borde la plage.
Cinq autres cadavres de sangliers ont été découverts au même endroit mardi matin, a annoncé le préfecture des Côtes d'Armor. Puis 13 autres ont été retrouvés au fil de la journée.
"Si pour les deux premiers cas, il ne fait aucun doute que la mort a été provoquée par étouffement, de la vase ayant obstrué les voies respiratoires, il est impossible pour les huit animaux retrouvés dimanche de tirer des conclusions", a dit un porte-parole, qui attend des analyses complémentaires.
"A ce stade d'investigation, les résultats ne permettent pas d'identifier clairement les causes de décès", précisait lundi la préfecture au sujet des huit animaux retrouvés dimanche, parlant de "tableaux cliniques différents".
Plusieurs associations de défense de l'environnement ont remis en cause la thèse de l'étouffement pour les deux premiers marcassins morts et estiment que les algues vertes sont très probablement responsables de cette hécatombe.
"PLEIN LES NASEAUX"
"En pourrissant, les algues vertes dégagent un jus noir qui s'infiltre dans le sable et forme une vase qui peut être fortement chargée en hydrogène sulfuré", explique Yves-Marie Le Lay, président de l'association Sauvegarde du Trégor. "Les animaux qui vont fouiner sur la plage vont aller percer des poches de gaz dans la vase et s'en prendre plein des naseaux."
Selon cet écologiste, c'est le même phénomène qui avait provoqué en 2009 la mort d'un cheval, victime d'un oedème pulmonaire après s'être enfoncé dans la vase sur une plage de Saint-Michel en Grève, également touchée par les algues.
En 2008, deux chiens avaient trouvé la mort sur une plage de la commune voisine d'Hillion, envahie par les algues vertes.
«Les autorités ne veulent pas reconnaître la responsabilité des vases résultant des marées vertes car on ne peut pas les ramasser», estime Yves-Marie Le Lay.
Les résultats des analyses sur sept des huit cadavres retrouvés dimanche et commandés auprès de laboratoires spécialisés à Strasbourg et à Lyon ne seront pas connus avant le milieu de la semaine prochaine, a indiqué la préfecture.
"Si on demande ces analyses, c'est parce que l'on veut tout faire pour savoir pourquoi ils sont morts", dit un porte-parole.
La semaine dernière, lors d'un relevé périodique, la préfecture de la région Bretagne a indiqué qu'environ 32.000 m3 d'algues vertes avaient été ramassées sur les plages du Finistère et des Côtes d'Armor, un chiffre légèrement supérieur aux quantités récoltées en 2010 à la même période.
En visite en Bretagne le 7 juillet dernier, Nicolas Sarkozy avait défendu les agriculteurs contre les "intégristes" de l'écologie en affirmant qu'ils n'étaient en rien "coupables" de la prolifération des algues vertes sur les plages bretonnes.
Le gouvernement a lancé en 2010 un plan de lutte contre les marées vertes doté d'une enveloppe de 134 millions d'euros sur cinq ans pour nettoyer et préserver les zones les plus touchées.
Edité par Yves Clarisse
http://fr.news.yahoo.com/myst%C3%A9rieuse-h%C3%A9catombe-sangliers-sur-une-plage-bretonne-150801626.html