Attentat contre une milice sunnite à Bagdad, 39 morts

Un attentat suicide visant un groupe armé sunnite soutenu par le gouvernement a fait au moins 39 morts et 41 blessés dimanche dans le sud-ouest de Bagdad, a-t-on appris auprès des services de sécurité.

Un kamikaze a déclenché sa charge explosive au milieu d'un groupe de membres d'une milice Sahwa ("Eveil"), des ex-insurgés sunnites d'abord alliés à Al Qaïda, qui ont rallié les forces américaines et irakiennes en 2006-2007, provoquant un tournant majeur dans la lutte contre l'insurrection islamiste.
Malgré le recul des violences interconfessionnelles, des insurgés sunnites demeurent actifs et tentent de tirer parti de l'impasse dans laquelle se trouve le pays depuis les élections législatives du 7 mars, qui n'ont pas désigné de majorité claire.
L'attentat suicide de dimanche a visé des miliciens Sahwa qui formaient une file d'attente dans le quartier à majorité sunnite de Radwaniya pour recevoir leur salaire. Depuis octobre 2008, il revient au gouvernement de Bagdad de payer ces anciens rebelles qui ont changé de camp et ont été intégrés.
"Il y avait plus de 85 personnes qui formaient trois queues devant la porte principale de la base militaire pour recevoir leur salaire quand une personne nous a approchés. Lorsqu'un soldat a essayé de l'arrêter, il s'est fait exploser", a dit un rescapé de 20 ans, Tayseer Mehsen, hospitalisé à Mahmoudiya.
"J'ai perdu conscience et je me suis réveillé à l'hôpital", a-t-il ajouté.
Selon la police, l'attaque a fait 39 morts. Mais une source au ministère de l'Intérieur a parlé de 43 décès.
Tous les morts sont des miliciens Sahwa et deux soldats figurent parmi les blessés, a-t-on dit de même source.
Les dirigeants des Sahwa ont été la cible d'une série d'attaques ces derniers mois dans les secteurs sunnites proches de Bagdad. La plupart de ces incidents ont été qualifiés d'actes de vengeance de la part d'insurgés ou d'Al Qaïda.
Certains ont été attribués à d'anciennes rivalités familiales ou claniques.
Une guerre interconfessionnelle a opposé les chiites, majoritaires en Irak, et les sunnites, jadis dominants dans le pays, après l'intervention américaine de mars 2003 et la chute de Saddam Hussein, avant de faiblir lors de "l'éveil".
Les attaques et attentats se sont intensifiés récemment à la faveur d'une vacance du pouvoir consécutive aux élections législatives.
L'Irak n'est toujours pas doté d'un nouveau gouvernement, la faute notamment aux difficultés à s'entendre éprouvées par les alliances ou groupes sunnites, chiites et kurdes.
Avec Souadad al Salhy et Walid Ibrahim, Grégory Blachier pour le service français