A l'hirondelle
Fille de
Pandion, ô jeune Athénienne,
La cigale est ta proie, hirondelle inhumaine,
Et nourrit tes petits qui, débiles encor,
Nus, tremblants, dans les airs
n’ose prendre l'essor.
Tu voles ;
comme toi la cigale a des ailes.
Tu chantes ; elle chante. A vos chansons
fidèles
Le moissonneur s'égaye, et l'automne orageux
En des climats
lointains vous chasse toutes deux.
Oses-tu donc porter, dans ta cruelle joie,
A ton
nid sans pitié cette innocente proie ?
Et faut-il voir périr un chanteur sans
appui
Sous la morsure, hélas ! d'un chanteur comme lui !
André
CHÉNIER (1762-1794)
(Recueil : Poésies Antiques)